Les déboires du propriétaire du couvent des Sœurs de Miséricorde à Montréal ont des conséquences fâcheuses pour sa cinquantaine d’employés. C’est que l’employeur, qui a fait faillite depuis, a gardé pour lui les déductions à la source prélevées sur les paies des travailleurs, une somme d’environ 30 000 $.

Les déductions devaient payer les assurances collectives, le régime de retraite et les cotisations syndicales des employés du début juin à la mi-août, quand la société à numéro s’est placée sous la protection de la Loi sur la faillite.

Les créances non garanties s’élèvent à près de 20 000 $ auprès de Manuvie, qui gère le régime de retraite, à 8400 $ auprès de la SSQ, le fournisseur qui s’occupe des assurances collectives, et à environ 2000 $ auprès de la CSN pour des cotisations syndicales impayées, affirme dans un entretien Jacqueline Bernier, conseillère syndicale de la CSN.

« Les employés ne sont pas en colère contre les Sœurs, tient à préciser Mme Bernier. Les employés sont solidaires des Sœurs, qui se sont fait flouer dans cette histoire. »

Des difficultés

Le propriétaire, la société 9360-6325 Québec, a déclaré faillite le 29 octobre 2019. Il avait acheté le couvent des Sœurs de Miséricorde le 28 mars 2018. L’acte de vente indique un prix de 7 millions pour la propriété de 255 000 pi2 – l’équivalent de trois terrains de football des Alouettes.

La société à numéro avait pris l’engagement de rénover le couvent pour permettre aux sœurs, qui ont 90 ans en moyenne, d’y finir leurs jours. Malheureusement pour les servantes du Bon Dieu, le chantier a rapidement connu toutes sortes de difficultés qui ont abouti à l’insolvabilité du promoteur immobilier.

Depuis la mi-août, ce sont les Sœurs et le prêteur hypothécaire IAM Infrastructure Private Debt Fund qui assument les dépenses courantes du couvent. Ces dépenses de fonctionnement autorisées par le tribunal, censées couvrir le déficit d’exploitation, s’élèvent à 950 000 $ plus intérêts pour la période allant d’août 2019 au 31 mars 2020.

La saga du couvent de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville est devenue d’actualité en février 2019 quand Le Journal de Montréal a révélé qu’Edmondo Marandola, économiste du prêteur hypothécaire Otéra, filiale de la Caisse de dépôt, était actionnaire de 9360-6325 Québec en compagnie des frères Girolamo et Chico Violante, deux personnes au passé trouble. M. Marandola a finalement perdu son emploi chez Otéra en raison de ses activités de promoteur immobilier.

— Avec Marc Tison, La Presse