(Londres) Les milieux financiers britanniques s’inquiétaient mardi de la débâcle d’un fonds créé par un investisseur vedette, Neil Woodford, contraint de le geler après une série de placements malheureux.

L’investisseur, une figure en vue de la finance britannique, a créé la stupeur lundi en fin de journée en annonçant le gel du fonds Woodford Equity Income, via un communiqué sur son site internet.  

Il s’agit du plus grand des fonds de sa société d’investissement, dédié aux marchés actions et dont la valeur a chuté à 3,7 milliards de livres, contre près de 7 milliards un an plus tôt et plus de 10 milliards à son sommet.

La société de Neil Woodford évoque une décision prise en raison du grand nombre de demandes de clients voulant retirer leur argent.  

Ce gel doit lui laisser le temps de repositionner son fonds en tentant de se détourner des actifs les plus difficiles à vendre ou des investissements les plus risqués réalisés dans des sociétés non cotées.

Selon la BBC, les clients du fonds ont retiré environ 560 millions de livres lors des quatre dernières semaines. La suspension du fonds a été précipitée par une demande du Comté du Kent (sud-est de l’Angleterre) de récupérer 250 millions de livres.

« Neil Woodford a clairement pris une série de mauvaises décisions d’investissement », selon Neil Wilson, analyste chez Markets.com, qui évoque notamment la prédilection pour des actions britanniques délaissées mais risquées, comme le prêteur Provident ou la société de construction Kier.

« Ces dernières années ont été difficiles pour Woodford et les choses pourraient encore empirer », selon l’analyste.

M. Woodford, dont les bureaux sont situés à Oxford (nord-ouest de Londres), a mis sur pied son fonds il y a cinq ans, avec des retours sur investissement spectaculaires dès sa première année d’existence.

Contrairement à des pratiques consistant à répliquer l’évolution d’un indice boursier ou d’un panier d’actions, l’investisseur adopte une stratégie visant à sélectionner lui-même les titres qu’il juge les plus prometteurs.

Le gel du fonds entraînait des répercussions mardi sur des groupes de services financiers recommandant à leurs clients les fonds de M. Woodford, tel que Hargreaves Lansdown dont l’action chutait à la Bourse de Londres de 4 % en fin de matinée.

« Il s’agit de l’un des événements les plus importants pour l’industrie de la gestion d’actifs britannique depuis une décennie », relève sous couvert d’anonymat auprès du Financial Times un vétéran du secteur qui côtoie M. Woodford depuis plus de 20 ans.

C’est « une réputation qui part en fumée et un moment terrible pour la confiance des investisseurs », selon lui.