De toutes les équipes des cinq ligues majeures de sport professionnel en Amérique du Nord, l’Impact de Montréal est deuxième au chapitre de la marge de pertes financières la plus élevée.

Malgré tout, bénéficiant de la vague spéculative autour des équipes de la MLS, l’Impact vaut 272 millions CAN, selon Forbes. Si l’Impact – propriété de la famille Saputo – était inscrit en Bourse, l’équipe serait aux environs du 65e rang des entreprises québécoises les plus importantes à la Bourse de Toronto, devant des sociétés comme Groupe Pages Jaunes (253 millions en capitalisation boursière) et GoodFood (172 millions). La famille Saputo a payé 40 millions US pour amener l’Impact en MLS, en 2012.

Selon le magazine Forbes, l’équipe de soccer montréalaise a perdu 15 millions CAN sur des revenus de 23 millions durant la saison 2018, soit une marge de pertes de 67 %. Seul le Fire de Chicago, autre équipe de soccer de la MLS, a une marge de pertes plus élevée : Chicago perdrait 16 millions US sur des revenus de 23 millions US, soit une marge de pertes de 70 %, selon les chiffres publiés lundi par Forbes.

À la fin de la saison 2018, l’Impact de Montréal, entreprise privée qui ne dévoile pas ses états financiers, avait indiqué publiquement générer des pertes d’environ 11 à 12 millions CAN par saison depuis son entrée en MLS, en 2012. L’Impact voulait alors expliquer pourquoi elle devait hausser ses revenus. L’équipe conteste également en cour ses taxes foncières municipales de 1,9 million par an.

Forbes, qui publie chaque année un état des finances des équipes de la MLS à partir d’informations provenant notamment du secteur bancaire, estime que les finances de l’Impact sont dans une situation encore plus difficile. En un an, l’Impact aurait vu ses revenus diminuer de 25 % (de 24 à 18 millions US) et ses pertes augmenter de 70 % (de - 7 à - 12 millions US).

L’Impact, qui ne reconnaît pas les chiffres de Forbes, n’a pas souhaité commenter sa situation financière.

Valeur en hausse de 25 %

Même si les revenus chutent et que les pertes grossissent, l’Impact a vu sa valeur augmenter de 25 % en 2018, passant de 168 à 210 millions US (272 millions CAN), selon Forbes.

L’Impact n’est pas seul dans cette situation. En 2018, 16 des 23 équipes de la MLS auraient perdu de l’argent en 2018, selon Forbes. Et pourtant, la valeur moyenne d’une équipe de la MLS a augmenté de 30 %, pour atteindre 313 millions US. En septembre, le propriétaire milliardaire du Fire de Chicago – l’équipe avec une marge de pertes de 70 % – a racheté son partenaire dans une transaction évaluant le Fire à 400 millions US.

Au total, les 23 équipes de la MLS ont perdu 105 millions US durant la saison 2018, selon Forbes. L’équipe la plus rentable de la MLS (Atlanta) aurait généré des profits de seulement 7 millions US en 2018.

Mais comment est-ce possible que la valeur des équipes de la MLS augmente autant, alors qu’elles perdent autant d’argent ?

Parce que les propriétaires sont optimistes quant à l’avenir de la MLS et que cet optimiste se reflète dans le prix des transactions actuelles, explique Forbes, qui qualifie « d’exorbitants » les investissements en MLS. 

« Dit simplement, les coûts d’expansion et les prix des équipes ne se basent pas sur la performance financière », écrit Chris Smith, le journaliste de Forbes qui est l’auteur de l’étude sur les finances de la MLS. Sauf que les investisseurs de la MLS « dépensent beaucoup » parce qu’ils estiment que la ligue de soccer sera très rentable à long terme, surtout avec la perspective d’un nouveau contrat télé en 2023 et d’une Coupe du monde aux États-Unis/Canada/Mexique en 2026, selon Forbes.

En litige pour ses taxes municipales

Alors que sa valeur comme ses pertes augmentent, l’Impact de Montréal conteste ses taxes foncières municipales pour le stade Saputo et son complexe d’entraînement, évaluées à environ 1,9 million par année.

L’Impact de Montréal commencera à plaider sa cause contre la Ville de Montréal ce mois-ci devant le Tribunal administratif du Québec. L’équipe de soccer aimerait que les taxes foncières du stade Saputo passent de 1,2 million à 111 000 $ par an, soit une baisse de 91 %.

La Ville de Montréal estime que le montant en litige devant le tribunal est d’environ 2,5 millions de dollars en taxes municipales pour les années précédentes – sans compter les prochains comptes de taxes foncières, qui seront inévitablement dictés par la décision du tribunal. La Ville a ainsi prévu dépenser environ 420 000 $ en frais d’avocats et d’experts dans ce litige.

La Ville estime que le stade Saputo, construit en trois phases au coût de 65 millions, vaut 43 millions en 2019 (et 33 millions en 2018). L’Impact prétend plutôt que le stade valait 3 millions en 2018. Selon l’Impact, il faut se baser sur les revenus générés par le stade pour déterminer sa valeur foncière. Comme l’Impact perd beaucoup d’argent, la valeur du stade serait ainsi beaucoup plus basse que l’évaluation de la Ville, plaide l’équipe.

La famille Saputo est propriétaire majoritaire de l’Impact. Le Fonds de solidarité FTQ est actionnaire minoritaire.