La Ville de Montréal a payé 10 millions de dollars pour ajouter 20 000 places au nouvel amphithéâtre du parc Jean-Drapeau, inauguré cet été. Combien de ces nouvelles places ont-elles été utilisées au cours du premier été ? Zéro.

L’amphithéâtre du parc Jean-Drapeau, qui accueille notamment les festivals et spectacles extérieurs du Groupe CH, est passé de 45 000 à 65 000 places cet été. Or, l’amphithéâtre n’a accueilli aucun événement de plus de 45 000 spectateurs par jour cet été, a confirmé la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD). Son événement le plus couru, le festival Osheaga, organisé par le Groupe CH/evenko, a attiré environ 43 333 visiteurs par jour.

Pour l’été 2019, la SPJD affirme avoir pris la décision de limiter la capacité du nouveau site à 50 000 spectateurs, pour des questions de « rodage, de mobilité et de sécurité ». Aucun des 5000 nouveaux sièges n’a finalement été nécessaire. Pour l’été 2020, la SPJD permettra aux promoteurs d’utiliser la capacité totale de 65 000 places.

La mairesse de Montréal Valérie Plante, qui était opposée au projet d’agrandissement de l’amphithéâtre lorsqu’elle était dans l’opposition, aimerait rentabiliser les 20 000 nouvelles places.

Le projet est allé de l’avant puisqu’il était déjà bien entamé, mais notre administration a toujours dit que nous aurions fait les choses différemment.

Geneviève Jutras, attachée de presse de la mairesse Plante

« Nous ne pouvons pas défaire le passé et la mairesse ne va pas se substituer aux promoteurs qui tiennent des événements au parc Jean-Drapeau. [La mairesse] s’attend toutefois à ce que des événements se tiennent afin de rentabiliser cet investissement majeur de la Ville de Montréal », a indiqué par courriel Mme Jutras.

L’idée d’agrandir l’amphithéâtre extérieur du parc Jean-Drapeau était celle de l’administration Coderre. « L’aménagement d’un nouvel amphithéâtre de 65 000 places rendra possible la tenue de spectacles d’envergure », indiquait Denis Coderre en 2015. Au final, la Ville de Montréal a investi 10 millions pour faire passer la capacité de l’amphithéâtre de 45 000 à 65 000 places, et 18 millions pour des équipements technologiques. Selon nos informations, ces équipements technologiques étaient conformes aux souhaits du Groupe CH et lui font économiser des centaines de milliers de dollars par an. En contrepartie, le loyer du Groupe CH, le seul promoteur privé qui présente depuis des années des spectacles musicaux payants à l’amphithéâtre du parc Jean-Drapeau, augmente d’environ 290 000 $ par an. 

La SPJD, une société paramunicipale financée à moitié par la Ville de Montréal, a bon espoir d’utiliser les 20 000 nouvelles places l’été prochain. « Nous avions la volonté profonde d’avoir un concert pour 50 000 personnes [en 2019], mais nous n’avons pas trouvé preneur. Notre objectif est de maximiser les installations et d’utiliser le plein potentiel du site », dit Gabrielle Meloche, porte-parole de la SPJD.

Légère baisse d’achalandage à Osheaga

En 2019, l’amphithéâtre du parc Jean-Drapeau a accueilli sept événements musicaux : trois concerts gratuits et quatre festivals du Groupe CH, qui possède un bail avec la SPJD.

Le festival le plus populaire, Osheaga (un festival de trois jours), a vu une légère baisse de son achalandage cet été, passant de 135 000 billets vendus en 2018 à « plus de 130 000 billets vendus » en 2019. Le Groupe CH n’a pas expliqué pourquoi il n’a pas vendu de billets supplémentaires par rapport à l’an dernier.

« Le site du parc Jean-Drapeau profite à de nombreux promoteurs et organisations, autres qu’evenko, permettant ainsi d’offrir une programmation variée qui génère d’importantes retombées économiques pour la Ville de Montréal, a indiqué le Groupe CH par courriel. Cet été, nous avions accès au nouveau site du PJD pour la première fois. Nous tenons à féliciter la Ville de Montréal et la SPJD pour la conception de ce très beau site qui permet aux Montréalais et aux nombreux festivaliers qui proviennent de partout à travers le monde de profiter d’installations de classe mondiale. »

La SPJD dit avoir eu des contacts avec plusieurs autres promoteurs (locaux et internationaux) pour des spectacles en 2020. Aucune date n’est encore réservée, outre les festivals du Groupe CH. Dans son bail qui se termine à la fin de l’année 2020, le Groupe CH possède une clause de premier refus sur tout spectacle musical international.

— Avec la collaboration de Katia Gagnon, La Presse