(Toronto) Le gestionnaire de placements Stephen Jarislowsky, un ancien administrateur de SNC-Lavalin, réclame un vote des actionnaires sur la décision de la société d’ingénierie et de construction de vendre une partie de sa participation dans l’exploitant ontarien de l’autoroute à péage 407 pour 3,25 milliards.

M. Jarislowsky, réputé pour son franc-parler, a fait valoir que la décision était contraire à la gestion responsable, puisque les actifs de SNC dans l’autoroute 407 représentent environ 80 % de sa valeur boursière de 5,86 milliards.

« À mon avis, la décision du conseil au sujet de la 407 manque d’éthique et va à l’encontre de l’exercice de la responsabilité fiduciaire. Dans ce cas à tout le moins, un vote libre des actionnaires devrait être obligatoire avant que la vente de (la participation de) 10 % dans la 407 ne soit autorisée, même si la loi en vigueur le permet », a-t-il déclaré dans une « note personnelle » publiée lundi sur le site web de la Fondation canadienne pour l’avancement des droits des investisseurs, dont il est membre du conseil d’administration.

Les sociétés inscrites en Bourse cherchant à vendre une activité représentant au moins 50 % de leurs actifs — tel que défini dans leur bilan ou à partir d’autres critères tels que le revenu — doivent d’abord obtenir l’aval de leurs actionnaires, conformément aux règles de la Bourse de Toronto. La valeur boursière ne fait toutefois pas partie de ces mesures.

Selon M. Jarislowsky, l’investissement de SNC dans l’autoroute à péage est comparable à une obligation gouvernementale et promet d’offrir des profits croissants à mesure que le trafic routier dans la région de Toronto augmente. Il estime que sa valeur pourrait doubler d’ici 10 ans.

Jarislowsky a comparé l’investissement dans l’autoroute à péage à une obligation gouvernementale et a promis des profits plus élevés à mesure que le trafic routier dans la région de Toronto augmente, estimant que sa valeur doublerait en 10 ans.

« Pourquoi ne conserverions-nous pas un tel actif après avoir souffert sur le marché ? » a-t-il demandé.

« En fait, en tenant compte de son évaluation actuelle, SNC-Lavalin n’est pas une société d’ingénierie », a ajouté M. Jarislowsky, moins de deux ans après l’acquisition, en 2017, du géant britannique de l’ingénierie WS Atkins.

SNC-Lavalin a fait valoir mardi, dans un courriel, que « la vente d’immobilisations corporelles était tout à fait dans le cours normal de nos activités ».

« La vente potentielle d’une partie de la participation dans l’autoroute 407 a été révélée publiquement à chaque fois que cela a été envisagé », a indiqué le porte-parole, Nicolas Ryan, rappelant que la société évoquait publiquement la vente partielle depuis environ huit mois, avant son annonce du 5 avril.

L’entente permettra au régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS) d’acquérir une participation de 10,01 % dans 407 International, réduisant ainsi la participation de SNC-Lavalin à 6,76 %. Les autres propriétaires de l’autoroute à péage sont une filiale de Ferrovial S. A., avec une participation de 43,23 %, et l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, avec 40 %.

SNC-Lavalin prévoit utiliser le produit de l’opération pour renforcer son bilan et aider à rembourser un prêt de 1,5 milliard de la Caisse de dépôt et placement du Québec. La société d’ingénierie et de construction a déjà remboursé 500 millions de dollars du prêt de 2017 — qui permettait de financer l’acquisition d’Atkins — et entend maintenant payer 600 millions supplémentaires à la clôture de la transaction.

OMERS versera 3 milliards à SNC lors de la conclusion de la transaction et 250 millions supplémentaires sur 10 ans, sous réserve de l’atteinte de certains objectifs financiers liés à la performance de l’autoroute à péage.

L’accord devrait être finalisé d’ici un mois.