Les sénateurs ont décidé de patienter jusqu'à lundi avant de se prononcer définitivement sur le projet de loi C-89 visant à obliger les employés de Postes Canada à mettre fin à leurs grèves tournantes.

Les représentants de la Chambre haute ont choisi de ne pas siéger dimanche et d'attendre lundi pour poursuivre les débats en troisième lecture. Selon le représentant du gouvernement au Sénat, Peter Harder, ses collègues voulaient avoir plus de temps pour étudier le projet de loi et « réfléchir au témoignage du comité plénier » avant de se prononcer lundi. Il a ajouté qu'ils voulaient aussi s'assurer de la conformité du projet à la Charte canadienne des droits et libertés.

Le Sénat ne siège pas habituellement le lundi.

Les sénateurs ont consacré samedi plusieurs heures à l'étude de la mesure législative. Le projet de loi a rapidement passé les étapes des deux premières lectures.

Le projet de loi avait été soumis au Sénat tôt samedi matin, soit quelques heures après que le gouvernement libéral eut accéléré son adoption aux Communes dans le cadre d'une séance extraordinaire s'étant étirée jusqu'au petit matin.

Exhortant les sénateurs à approuver unanimement le projet C-89, la ministre du Travail, Patricia Hajdu, a admis qu'elle avait espéré ne pas se retrouver dans cette position, mais que son gouvernement avait dû se résoudre à utiliser cette solution de dernier recours.

Les sénateurs ont également entendu les témoignages de la ministre des Services publics Carla Qualtrough, de la présidente intérimaire de Postes Canada, Jessica McDonald, et du président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), Mike Palecek.

Si le projet de loi est adopté, un médiateur-arbitre sera nommé pour aider Postes Canada et le STTP à trouver un terrain d'entente. Si ce processus échoue, les deux partis devront se plier à un arbitrage contraignant.

Les membres du STTP tiennent des grèves tournantes depuis un mois, entraînant des retards importants dans le triage du courrier et des colis.

Postes Canada soutient qu'il faudra des semaines pour rattraper ces retards, surtout dans les grandes villes comme Montréal, Toronto et Vancouver. Les 50 000 membres du STTP, qui sont divisés en deux groupes, réclament de meilleurs salaires pour les employés en milieu rural et en banlieue, davantage de sécurité d'emploi et un minimum d'heures de travail garanti.

La convention collective est échue depuis le 31 décembre 2017.

Les partisans de la loi spéciale affirment que cette dernière permettra aux petites entreprises de livrer leurs produits à temps durant la lucrative période des Fêtes.

Ses détracteurs, dont font partie les députés néo-démocrates, lui reprochent d'enfreindre le droit des employés de Postes Canada à faire la grève.

La majorité des députés du Nouveau Parti démocratique ont d'ailleurs quitté la Chambre des communes vendredi soir en guise de protestation.