John Stumpf, le PDG de la banque américaine Wells Fargo, s'est dit mardi «profondément désolé» au sujet des deux millions de comptes factices créés au nom de clients à leur insu, endossant la responsabilité de ces malversations, mais sans évoquer de démission.

Lors de son audition au Sénat américain, M. Stumpf, 63 ans, chevelure grise, teint hâlé et main droite bandée, a fait profil bas, adoptant un ton contrit de circonstance pour réfuter l'accusation de «fraude orchestrée» lancée contre la banque depuis qu'elle a écopé d'une amende de 185 millions de dollars le 8 septembre.

«Je suis profondément désolé que nous ayons échoué à remplir nos obligations vis-à-vis de nos clients», a déclaré, devant des élus très remontés, le banquier à qui ils ont reproché d'avoir fait porter la responsabilité de l'escroquerie à 5300 employés qui ont depuis été licenciés.

D'après des témoignages d'anciens employés récoltés par le CFPB, l'agence américaine de protection des consommateurs, des pressions étaient énormes en interne pour atteindre des objectifs commerciaux ambitieux fixés par le management.

«Je veux m'excuser auprès de tous les clients de Wells Fargo. Je veux m'excuser d'avoir trahi la confiance des clients ayant investi dans Wells Fargo et je veux m'excuser pour n'avoir pas réagi plus tôt», a dit ce fils d'éleveur de poulets issu d'une famille de onze enfants ayant gravi un à un tous les échelons menant à la direction de Wells Fargo la deuxième plus grosse banque américaine en terme de capitalisation boursière.

«J'endosse l'entière responsabilité pour toutes ces pratiques commerciales malhonnêtes dans notre division de banque de détail et je m'engage complètement à faire tout ce qui est possible pour y trouver les solutions», a-t-il déclaré.

Il a répété avoir été mis au courant des pratiques douteuses en 2013, mais n'a pas pour autant dit si la banque avait l'intention de réclamer à l'ancienne patronne de la division de banque de détail, Carrie Toldstedt, de rembourser le paquet de 124,7 millions de dollars empoché au titre des dernières années de carrière pour lui faire payer le coût de cette affaire.

«Le conseil d'administration a les outils nécessaires pour mettre les dirigeants, y compris moi et Carrie Toldstedt, face à leurs responsabilités. Je respecterai et accepterai la décision qu'il prendra», s'est-il borné à répéter devant l'insistance des élus.