Le constructeur automobile italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA) se retrouvait jeudi dans la tourmente après que deux de ses concessionnaires américains l'ont accusé de truquer ses chiffres de ventes aux États-Unis.

Le groupe automobile aurait mis en place un programme spécial lié à la performance baptisé «VGP» pour inciter ses concessionnaires à falsifier leurs ventes à la fin du mois contre une rémunération déguisée en aides publicitaires et marketing, selon le texte de la plainte consultée par l'AFP.

Fiat Chrysler est «convaincu que la plainte est infondée», a réagi le constructeur automobile, s'interrogeant sur l'opportunité de cette action judiciaire qui survient alors qu'«il est en train de discuter avec le groupe concessionnaire de la nécessité que celui-ci respecte ses obligations en vertu de certains contrats de concession».

Les deux concessionnaires, Napleton Arlington Height et Napleton Northlake, vendent les voitures des marques Jeep, RAM, Chrysler et Dodge respectivement dans l'Illinois et la Floride.

L'un affirme qu'une de ses filiales aurait falsifié ses chiffres de ventes avec l'accord de Fiat Chrysler. Elle aurait gonflé ses chiffres en faisant état d'une fausse vente de 16 véhicules.

Une seconde offre demandait de déclarer «une fausse vente de 40 nouveaux véhicules en échange de 20.000 dollars qui devaient être déposés sur le compte bancaire (...) comme aide publicitaire».

Cette combine se déroulait généralement en fin de mois juste à temps pour que les fausses ventes soient comptabilisées dans le bilan mensuel.

Elles étaient ensuite annulées au premier jour du mois suivant avant que ne soient déclenchées les polices d'assurance, affirment les plaignants.

Litanie de scandales

Début janvier, le constructeur automobile a fait état d'un 69e mois de hausse de ventes consécutif après être sorti de la banqueroute de 2009. En 2015, il a écoulé 2 millions d'unités aux États-Unis, en hausse de 7% sur un an.

Les fausses ventes «ont créé l'apparence que la performance (commerciale) de FCA était meilleure qu'elle n'était en réalité», enfoncent les plaignants, qui demandent un procès et réclament des dommages-intérêts pour un montant non précisé.

Cette affaire est un coup dur pour Fiat Chrysler dont les États-Unis sont le premier marché, grâce aux ventes des 4X4 de ville (SUV) emblématiques de la marque Jeep et aux camionnettes à plateau (pickups) de RAM.

En Bourse, le titre de FCA Automobiles, la maison mère de Fiat Chrysler, plongeait aussi bien à Wall Street (-5,09% à 7,46 dollars) qu'à Milan (-7,54% à 6,87 dollars) vers 10h35.

Les plaignants affirment que des dirigeants de Fiat Chrysler aux États-Unis étaient au courant de la combine et l'auraient même autorisée.

Cette affaire est la dernière d'une longue liste de scandales secouant l'industrie automobile américaine depuis deux ans malgré une euphorie en termes de ventes.

Fiat Chrysler est lui-même dans le collimateur de l'agence américaine de la sécurité routière (NHTSA), General Motors se remet à peine d'un scandale et depuis cinq mois Volkswagen est dans la tourmente pour avoir truqué ses moteurs diesel.