Si un troisième programme d'aide à la Grèce se révèle nécessaire en 2014, il serait d'environ dix milliards d'euros et ne serait pas corrélé à de nouvelles mesures d'austérité, affirme dans un entretien paru dimanche le ministre grec des Finances Yannis Stournaras.

«S'il y a besoin d'un nouveau soutien à la Grèce, il sera de l'ordre de 10 milliards d'euros, c'est à dire beaucoup plus petit que les précédents mémorandums», a déclaré M. Stournaras au journal dominical Proto Thema.

Deux programmes d'aide successifs ont placé Athènes sous perfusion de ses partenaires de la zone euro et du Fonds monétaire international. Le premier, en mai 2010, a consisté en des prêts de 110 milliards d'euros, tandis que le second, voté en février 2012 et qui s'étend jusqu'en juillet 2014, a permis au pays de toucher jusqu'ici environ 140 milliards.

S'y est ajouté en 2012 un effacement de dette par les créanciers privés pour environ 107 milliards d'euros.

L'hypothèse d'un troisième programme d'aide n'a cessé de se renforcer au fil de l'été jusqu'à ce que le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble rompe cette semaine avec la prudence affichée par Berlin sur le sujet en confirmant cette perspective. Il a également souligné que ce soutien sera «plus réduit» que les précédents.

À la différence des deux premiers plans, une troisième aide ne sera pas synonyme de nouvelles mesures d'austérité drastiques touchant les salaires et les impôts, a affirmé M. Stournaras à Proto Thema.

«Il n'est pas question d'un troisième mémorandum, mais d'un soutien économique sans clause particulière. Nos engagements sont déjà posés jusqu'en 2016 et il n'est pas possible de fixer de nouvelles conditions», a affirmé le ministre des Finances.

Parmi les pistes évoquées dans la presse grecque pour combler le besoin de financement d'Athènes figurent un allongement de la durée de remboursement des prêts consentis ou bien une baisse de leurs taux d'intérêt, une hausse des fonds structurels européens versés à la Grèce pour des projets de développement, le déblocage d'une nouvelle tranche de l'enveloppe prévue pour la recapitalisation des banques grecques.

Mais «il n'est pas question» d'un nouvel effacement de dette, a assuré M. Stournaras à propos de cette solution radicale également rejetée par l'Allemagne.

Fin juillet, le FMI avait appelé fin juillet l'Union européenne (UE) à examiner la perspective d'une troisième aide à la Grèce, estimant le trou à venir à environ 11 milliards d'euros, soit 4,4 milliards en 2014 et 6,5 en 2015.

L'assistance financière prodiguée à la Grèce vise à compenser l'impossibilité pour le pays surendetté de se financer sur les marchés.

Un retour sur les marchés est impossible tant que «nous n'avons pas rempli deux conditions: la réalisation d'un excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette, ndlr) et de deux trimestres successifs de croissance», a précisé le ministre dans son entrevue. Athènes espère remplir ces deux objectifs en 2014.

Pour remplir ses caisses, la Grèce anticipe de très bons résultats de l'activité touristique en 2013.

M. Stournaras compte également sur les sommes réclamées aux sociétés offshore contrôlées au titre de l'évasion fiscale: «10 000 sociétés offshore ont été localisées et 41 contrôlées permettant de collecter 13 millions d'euros. Imaginez le potentiel d'un contrôle sur l'ensemble des 10 000 sociétés», a fait valoir M. Stournaras, avouant toutefois que la Grèce ne disposait pas de tout le savoir-faire nécessaire à ces contrôles.