Aux prises avec des allégations de corruption liées à l'attribution de juteux contrats à SNC-Lavalin, la plus grande pétrolière d'Algérie a reconnu hier être touchée par un scandale, qu'elle impute toutefois à des «agissements individuels».

«Je comprends que la population puisse être choquée par ce qui se passe à Sonatrach», a affirmé Abdelhamid Zerguine, grand patron de Sonatrach. Il a toutefois ajouté que l'entreprise «est en bonnes mains et [a] des effectifs qualifiés et de confiance», a rapporté le quotidien Le Temps.

Abdelhamid Zerguine a affirmé sur les ondes d'une radio algérienne que son équipe s'emploierait «à l'avenir» à combattre la corruption «avec la plus grande vigueur».

Vendredi, les médias ont rapporté que le géant québécois de l'ingénierie aurait reçu des contrats d'une valeur d'un milliard de dollars grâce à un intermédiaire nommé Farid Bedjaoui. Des pots-de-vin auraient été échangés. En raison de ses liens familiaux, le jeune homme est un proche du régime du président Abdelaziz Bouteflika, qui dirige le pays depuis près de 15 ans.

Avertissement de Bouteflika

Or, le chef d'État a affirmé samedi qu'il ne pouvait plus se taire devant la série de scandales qui font tanguer son géant national de l'énergie. Il s'est dit «révolté».

«Je ne peux pas passer sous silence ces scandales révélés récemment par la presse et qui touchent la gestion de Sonatrach», a-t-il écrit, selon le journal Algérie-Express. «Ces informations soulèvent notre révolte et notre réprobation, mais je fais confiance à la justice de notre pays pour tirer au clair l'écheveau de ces informations, pour situer les responsabilités et appliquer avec rigueur et fermeté les sanctions prévues par notre législation.»

Selon l'Agence France-Presse, il s'agirait d'un feu vert dirigé vers la justice, qui hésiterait à s'approcher autant du pouvoir pour enquêter sur la corruption au sein de Sonatrach.

L'avertissement s'inscrit dans la lignée de celui du ministre de l'Énergie algérien. Mercredi, Youcef Yousfi a averti qu'il serait «inflexible» envers toute personne impliquée dans ces dossiers louches.

En plus de SNC-Lavalin, les entreprises italiennes Eni et Saipem sont aussi sous la loupe de la justice. Saipem aurait payé 262 millions en pots-de-vin à Farid Bedjaoui pour se voir attribuer par Sonatrach huit contrats d'une valeur totale de 14 milliards.

Quant à lui, le géant québécois fait déjà l'objet d'enquêtes pour des manoeuvres douteuses en Libye et en Tunisie.

Avec AFP