Chypre s'est officiellement résolue lundi à demander l'aide de l'Union européenne pour son secteur bancaire en difficultés, l'île méditerranéenne, membre de la zone euro, traversant une passe économique difficile alors qu'elle s'apprête à prendre la présidence semestrielle de l'UE.

«Le gouvernement de la République de Chypre a informé aujourd'hui les autorités européennes compétentes de sa décision de présenter à la zone euro une demande d'aide financière», selon un communiqué officiel diffusé à Bruxelles et à Nicosie.

Chypre est le 5e pays de l'UE à effectuer cette démarche auprès des autorités européennes.

Cette aide devrait être accordée dans le cadre des Fonds de sauvetage européens FESF et MES et vise à «contenir les risques pour l'économie chypriote (...) provenant de son secteur financier, très exposé à l'économie grecque», ajoute le communiqué sans préciser le montant demandé.

La banque chypriote Marfin Popular Bank a un besoin immédiat de 1,8 milliard d'euros qui doivent être trouvés avant le 30 juin, date limite pour satisfaire aux exigences de recapitalisation de l'autorité de surveillance bancaire européenne.

Mais, selon l'agence de notation financière Fitch, les besoins des banques chypriotes pourraient atteindre 4 milliards d'euros, soit plus de 20% du produit intérieur brut de la République de Chypre qui compte 820 000 habitants.

Fitch a d'ailleurs abaissé lundi la note de Chypre à «BB+», la reléguant dans la catégorie des placements spéculatifs comme l'ont déjà fait Standard and Poor's et Moody's.

Cette demande intervient également à un moment diplomatique délicat pour la République de Chypre qui va assurer à compter du 1er juillet la présidence semestrielle de l'UE.

L'île se retrouve ainsi dans le groupe des pays «à problèmes» comme l'Espagne, la Grèce, l'Irlande et le Portugal, qui ont aussi demandé une aide pour leurs banques.

Le communiqué laconique des autorités chypriotes ne donne aucun détail sur la manière dont cette aide sera accordée et si elle suivra le modèle de ceux des autres pays.

Mais le secteur bancaire n'est pas le seul problème du gouvernement communiste chypriote qui connaît également des difficultés de financement budgétaire aggravées par le ralentissement économique.

Nicosie serait, d'après les médias, actuellement en discussion avec la Russie pour qu'elle lui accorde un nouveau prêt à taux bonifié pour combler le trou de ses finances publiques.

Moscou a déjà accordé un prêt de ce genre d'un montant de 2,5 milliards d'euros aux autorités chypriotes pour couvrir leurs besoins pour 2012. Ils seront de même ordre pour 2013.

Chypre, qui a rejoint l'UE en 2004 et adopté l'euro en 2008, a pris de plein fouet la crise économique et financière qui secoue la Grèce, son principal partenaire économique et culturel.

Elle est non seulement hellénophone mais également «adossée» politiquement et diplomatiquement à la Grèce depuis l'invasion de la partie nord de l'île par l'armée turque en 1974 en réponse à un coup d'État de nationalistes grecs demandant le rattachement de l'île à la Grèce.

Cette situation gêne le développement commercial de l'île où la situation a encore été aggravée dans la partie sud par l'explosion il y a un an de la principale centrale électrique.

Les difficultés du secteur bancaire sont donc un nouveau fardeau à porter pour les autorités. Sans contribution de l'UE, les besoins financiers pour aider les banques chypriotes auraient pu faire passer le ratio dette/PIB au-delà de 100%, a souligné Fitch lundi.

Dans un tel contexte, les objectifs du gouvernement, notamment de faire passer le déficit budgétaire sous les 3% pour 2012 pour plus de 6% actuellement, risquent de ne pas être atteints, Fitch estimant ainsi que ce déficit devrait rester autour de 3,9%.