L'activité du secteur privé s'est fortement contractée en avril dans la zone euro et a atteint son plus bas niveau en cinq mois, ce qui laisse penser que les pays de l'Union monétaire pourraient traverser une récession plus longue que prévu, selon plusieurs analystes.

L'indice PMI s'est établi à 47,4 points en avril contre 49,1 points le mois précédent, selon une première estimation lundi du cabinet Markit.

Au-dessus de 50 points, l'indice PMI signifie que l'activité progresse, tandis que s'il est inférieur à ce seuil, elle se contracte.

Ce résultat a pris par surprise les analystes qui tablaient sur une légère hausse de l'indice PMI autour de 49,3 points et traduit une accélération de la contraction de l'activité de la zone euro en avril.

«La récession à double creux, que devraient confirmer les données officielles risque donc de se prolonger pour un troisième trimestre consécutif», estime Chris Williamson, chef économiste chez Markit.

«Le chiffre publié ce lundi pourrait se traduire par un repli de 0,3% du PIB (au deuxième trimestre). Cela semble confirmer que l'économie de la zone euro va probablement être en mode récession tout au long de l'année», renchérit Mark Miller, économiste chez Capital Economics.

Par secteur d'activité, le tableau est sombre tant pour l'industrie manufacturière que pour le secteur des services, où les indices PMI se sont établis respectivement à 46 points et 47,9 points dans la zone euro.

Dans l'industrie manufacturière, les nouvelles commandes reculent pour le 11e mois consécutif et enregistrent une baisse particulièrement soutenue, la plus forte depuis décembre.

Dans le secteur des services, le nombre de nouveaux contrats se replie pour le 8e mois consécutif, le taux de contraction affichant son plus haut niveau depuis octobre, indique Markit dans un communiqué.

L'accélération de la contraction dans les services «est un signe que l'austérité et que les inquiétudes liées à la crise de la dette dans la zone euro ont de lourdes conséquences sur les dépenses intérieures», souligne Martin Van Vliet, analyste pour la banque néerlandaise ING.

Fait préoccupant: la croissance de l'activité ralentit en Allemagne, à 50,9 points. L'activité globale se replie en France pour le 2e mois d'affilée à 46,8 points avec un taux de contraction à son plus haut niveau depuis octobre.

Dans le détail, l'activité dans le secteur manufacturier allemand a subi sa plus forte contraction depuis 2009, ce qui contraste avec les bons indicateurs publiés outre-Rhin récemment (le Zew qui mesure le moral des investisseurs allemands et le baromètre Ifo du climat des affaires), note l'analyste d'ING.

En France, le secteur des services montre lui d'importants signes de détérioration, avec un indice flash à 46,4 points en avril contre 50,1 en mars, son plus bas niveau depuis 6 mois.

Le niveau de croissance du noyau franco-allemand reste toutefois supérieur à celui des économies de la périphérie, qui enregistrent de fortes contractions de l'activité tant dans l'industrie manufacturière que dans le secteur des services.

Un peu moins pessimiste que certains de ses confrères, M. Van Vliet table lui sur un retour à la croissance, même modeste, au second semestre. «Mais avec la crise de la dette qui dure et des politiques d'austérité, le risque est très clairement d'avoir une récession plus marquée».