Le ministre de l'Économie espagnol Luis de Guindos estime que la nervosité des marchés vis-à-vis de l'Espagne peut se poursuivre en raison de «doutes sur le projet européen» alimentés notamment par les craintes sur la capacité des régions espagnoles à réduire leur déficit.

«Il existe toujours des doutes sur le projet européen, et, en ce sens, les situations de volatilité comme celles que nous avons vécues (NDLR, la semaine passée) peuvent se reproduire», affirme le ministre dans un entretien publié lundi par le journal El Mundo.

Le taux à 10 ans des obligations de l'Espagne a dépassé la barre des 6% lundi matin et la prime de risque espagnole, qui mesure l'écart entre les taux à long terme espagnols et allemands, atteignait des sommets à l'approche de deux émissions tests mardi et jeudi.

La Bourse de Madrid abandonnait 0,25% à 12h30 (6h30 à Montréal).

Mais «l'Espagne ne va pas demander un plan de sauvetage», le pays «n'a absolument pas de problèmes ni de besoins urgents de financement», a répété le ministre.

«L'Espagne a financé déjà 50% des besoins du Trésor en trois mois» et les banques ont «suffisamment de liquidités pour faire face aux échéances des deux prochaines années», a-t-il affirmé.

Il a toutefois reconnu que «concernant l'Espagne, il existe trois doutes fondamentaux. En premier lieu, la capacité des régions autonomes à remplir leur objectif de déficit, car il faut prendre en compte que deux tiers du dépassement de l'an dernier sont de leur responsabilité».

Le deuxième concerne une politique de rigueur «qui peut engendrer une croissance moindre, avec un chômage qui touche déjà 23% de la population active».

Et «le troisième doute est que cette croissance moindre peut aussi avoir un impact sur les banques» qui ont accumulé un lourd taux de créances douteuses depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.

L'Espagne a enregistré un déficit de 8,51% du PIB en 2011 contre 6% promis, dont 2,94% dus aux régions qui ont explosé l'objectif de 1,3%.

Luis de Guindos calcule que les régions «doivent financer 50 milliards d'euros en 2012», admettant qu'elles «ont des difficultés énormes d'accès aux marchés» pour se refinancer.

Leur problème est «qu'elles ont accumulé une énorme quantité d'impayés qui a obligé le gouvernement à nettoyer les comptes en faisant un crédit syndiqué de 35 milliards d'euros».

«Le gouvernement ne laissera tomber aucune communauté autonome» mais elles devront, en échange, tenir leur objectif de réduction de déficit, affirme le ministre.

Madrid s'est engagé à réduire son déficit public à 5,3% en 2012 mais de nombreux experts doutent de la capacité du pays à y parvenir, en raison notamment d'un repli de 1,7% du PIB prévu cette année.