Combien faut-il épargner? Selon Question Retraite, un regroupement d'organismes paragouvernementaux et d'entreprises privées voué à la promotion de l'épargne de retraite, une épargne de 10% du revenu brut est un sain niveau d'épargne.

Revenu de 50 000$? Épargne de 5000$. Pour plusieurs, le chiffre est impressionnant, intimidant, décourageant.

«Dans le passé, on s'est fait taxer d'être des gourous culpabilisants qui placent la barre d'épargne trop haut, commente Martin Dupras, président du conseil d'administration de l'Institut québécois de planification financière (IQPF). En réponse, je pense que l'épargne requise est directement reliée au projet de retraite.»

L'âge de la retraite

Premier paramètre de ce projet: à quel âge la retraite sera-t-elle prise?

Il donne quelques repères. Vous avez 30 ans et aucun régime de retraite complémentaire. Si vous espérez une retraite à 65 ans avec 70% des revenus de travail, il est probable qu'une épargne annuelle de 6 à 7% de votre revenu brut sera suffisante. Pour un salaire de 50 000$, ce taux représente une épargne annuelle de 3000$ à 3500$.

«Si vous visez 60 ans, c'est davantage 10 à 12% du salaire qui doit être mis de côté», ajoute-t-il. Si l'objectif est 55 ans, il faudra plutôt épargner quelque 20% de votre salaire.

«Il faut commencer quelque part et ne pas laisser le chiffre de 5 ou 8 ou 10% nous décourager, ajoute Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale de l'IQPF. Il faut prendre le pli et s'y mettre.»

Deuxième paramètre: quand commencez-vous à épargner? Plus vous retardez, plus l'effort sera important.

Troisième paramètre: quel sera votre budget de retraite?

La règle du 70%

On estime généralement que les revenus de retraite doivent équivaloir à 70% du revenu moyen des dernières années sur le marché du travail. On pose en principe que les dépenses liées au travail diminuent (vêtements, transport, restaurant...), que l'enveloppe d'épargne disparaît du budget, que l'hypothèque a été remboursée.

Cette règle a été discutée, disputée, conspuée. Certains arguent que les dépenses de loisir et de voyage sont souvent supérieures à celles des années sur le marché du travail et qu'il faut prévoir davantage. D'autres estiment que l'objectif est trop élevé, et que 60% des revenus de travail est plus réaliste.

«La règle du 70% est simpliste, mais elle est très connue et très répandue, répond Martin Dupras. À mes yeux, pour quelqu'un qui est relativement jeune - 35 ou 40 ans - et qui se demande combien il doit épargner, faute de mieux, c'est une belle règle.»

Elle est utile pour fixer un objectif approximatif. «À mesure que j'approche de la retraite et que mon projet de retraite se précise, j'opterai davantage pour une approche budgétaire.»

Il s'agira alors d'établir un budget des dépenses, d'estimer en quoi celles de ma retraite en divergeront, et de prévoir les besoins de revenus de retraite en fonction des dépenses présumées.

Mille projets, mille programmes

Les projections varient aussi selon les emplois, avec l'apparition ou la disparition d'un régime complémentaire. Il est important de revoir les prévisions lors des changements importants dans la situation personnelle.

«Si je fais faire une première estimation à 30 ans et que j'attends à 45 ans pour refaire un calcul plus précis, le total d'épargne nécessaire peut être très différent, surtout si je n'ai encore jamais épargné», indique Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière, à la Banque Laurentienne.

Le malheureux travailleur est bombardé de dizaines de programmes en apparence tous indispensables, à en croire certains conseillers financiers: assurance vie, assurance invalidité, REER, régime d'épargne études, CELI...

«Si je vous convaincs de maximiser toutes les options d'épargne disponibles, vous ne mangerez plus, affirme ironiquement Martin Dupras. Le problème est d'en faire l'arbitrage. Commencez avec une épargne de 3% et si vous vous en sortez bien, continuez. C'est de lancer la roue qui est difficile.»