La Grèce était sur le point de reprendre mercredi le chemin des négociations pour un effacement de sa dette, qui relâcherait quelque peu la pression sur la zone euro, où le ralentissement de l'activité se confirme, notamment en Allemagne première économie européenne.

Le patron du lobby mondial des banques, Charles Dallara, doit arriver mercredi soir à Athènes pour reprendre les discussions «dès que possible» avec le gouvernement grec sur l'effacement d'une partie de l'énorme dette du pays, a indiqué dans la matinée le ministère grec des Finances.

Ces discussions, interrompues la semaine dernière et dont l'issue, toujours incertaine en dépit des déclarations rassurantes, inquiètent les marchés.

Les Bourses européennes ont ainsi entamé la journée de mercredi dans le rouge avant de repartir à la hausse en fin de matinée, confiantes dans la perspective d'une hausse significative des ressources du Fonds monétaire international (FMI), évoquée mardi par sa directrice générale Christine Lagarde.

Le premier ministre grec, Lucas Papademos, a réaffirmé son optimisme dans un entretien avec le New York Times et l'International Herald Tribune publié mercredi. «La conclusion d'un accord est très proche», a-t-il affirmé.

Le président du parlement grec Filippos Petsalnikos a également anticipé mercredi, depuis Berlin, l'annonce de bonnes nouvelles de la part de la troïka des créanciers cette fois publics de la Grèce - Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et FMI-.

«Je suis optimiste (...) Nous espérons que la troïka montre avant tout de la compréhension», a déclaré M. Petsalnikos. Les bailleurs de fonds de la Grèce, attendus initialement en début de semaine à Athènes, seront finalement à pied d'oeuvre vendredi avec l'espoir qu'un accord sera trouvé d'ici là avec les banques.

La Grèce négocie sur deux fronts. Elle espère obtenir de la part de ses créanciers privés (banques, sociétés d'assurance, fonds spéculatifs...) un effacement d'au moins 50% de sa dette qu'ils détiennent, soit 100 milliards d'euros, et un échange de titres, avec une maturité pouvant aller jusqu'à 30 ans.

Les autorités grecques veulent aussi obtenir de la Commission européenne, du FMI et de la BCE le déblocage d'un deuxième prêt de 130 milliards d'euros, indispensable, a rappelé M. Papademos, pour éviter un défaut de paiement du pays avant la fin mars.

«En faisant baisser le risque Grèce, on fait baisser le risque de l'Europe», a affirmé une source proche de ces négociations, résumant ainsi leur enjeu.

Ce contexte d'incertitudes autour de la Grèce, épicentre de la crise dans la zone euro depuis décembre 2009, ne rassure toujours pas les banques. Celles-ci ont déposé 528,18 milliards d'euros auprès de la Banque centrale européenne entre mardi et mercredi, un nouveau record historique. Nombre d'économistes y voient notamment la réticence des établissements de crédit à financer l'économie réelle via des prêts aux entreprises, aux ménages et aux États.

D'autant que le contexte est toujours à la morosité. L'Allemagne a annoncé une nouvelle révision à la baisse de sa prévision de croissance pour 2012, à 0,7% contre 1% précédemment. «Une croissance continue de l'Allemagne n'est possible que si l'Europe elle-même connaît une croissance durable», a reconnu le ministre allemand de l'Économie Philipp Rösler, dans un communiqué.

Les agences de notation continuent, elles, toujours à exprimer leurs doutes sur la capacité des Européens à régler la crise. Fitch Ratings n'a pas exclu mercredi d'abaisser de deux crans la note de l'Italie d'ici la fin du mois.

Autre motif d'inquiétudes, la Banque mondiale (BM) a mis en garde contre le ralentissement de l'économie mondiale, qui risque, selon elle, de toucher durement les pays en développement.

Ses nouvelles prévisions économiques mondiales donnent une hausse du PIB planétaire de 2,5% en 2012, soit 1,1 point de moins par rapport aux estimations précédentes quand elle tablait encore sur une accélération à venir de l'économie mondiale.