Le gouvernement italien, qui faisait face lundi à une grève unitaire des principaux syndicats du pays contre sa cure de rigueur, a réussi à lever comme prévu 7 milliards de dette à des taux en légère baisse, mais la situation restait très fragile.

Lors de son premier test sur les marchés après l'adoption de son nouveau tour de vis budgétaire et l'accord trouvé vendredi au sommet de Bruxelles pour une plus grande discipline budgétaire en zone euro, le Trésor a levé 7 milliards de titres à un an à des taux en baisse à 5,952% contre un record de 6,087% atteint le 10 novembre.

Les banques n'ont pas fait payer de commissions pour inciter les Italiens à soutenir leur pays en achetant de la dette comme lors de la «journée des Bons du Trésor» qui avait connu un franc succès le 28 novembre.

Mais la situation reste très fragile. «Se financer à un an à près de 6%, cela reste anormalement élevé», a commenté Cyril Regnat de la banque Natixis.

Preuve de cette tension, les taux à dix ans, qui étaient sortis de la zone dangereuse en début de semaine dernière, grimpaient de nouveau.

Tombés sous les 6% lundi dernier après avoir bondi largement au-dessus des 7% ces dernières semaines, ils s'inscrivaient à environ 6,6% en fin de matinée.

Une nouvelle émission obligataire est prévue mercredi.

Afin de clamer haut et fort leur rejet de la cure d'austérité du gouvernement, les trois grands syndicats, CGIL, CISL et UIL, ont appelé leurs adhérents à cesser le travail durant trois heures dans le cadre de leur premier mouvement unitaire depuis six ans.

Des rassemblements sont prévus dans toute l'Italie et en particulier devant le Parlement à Rome où les leaders de ces organisations devraient prendre la parole à partir de 15h00 GMT (10h00 à Montréal). Quelques milliers de personnes manifestaient déjà dans la matinée à Florence ou Gênes.

Ce mouvement des salariés du privé - la fonction publique fera grève lundi prochain - n'entraînait pas de perturbations car il ne touchait pas les transports.

«Nous sommes face à une situation d'extrême gravité sur le plan social. Les travailleurs et les retraités sont les catégories à qui l'on fait payer le plus durement cette crise», a dénoncé Susanna Camusso, la secrétaire générale de la CGIL, premier syndicat du pays.

Dimanche soir, le président du Conseil Mario Monti, qui a prévenu que la seule alternative à son plan de rigueur était la faillite, a reçu les responsables de ces trois syndicats.

Tentant de les convaincre que son plan, adopté dimanche dernier, contenait des «éléments d'équité», il leur a rappelé la «situation d'extrême urgence financière» dans laquelle se trouve l'Italie, qui croule sous une dette colossale représentant environ 120% de son PIB.

Une rencontre jugée «totalement insatisfaisante» par Luigi Angeletti de l'UIL.

Le principal casus belli pour les syndicats est la réforme des retraites, dossier brûlant auquel le gouvernement de l'ex-commissaire européen s'est attaqué frontalement notamment en augmentant le nombre d'années de cotisations et en gelant l'indexation sur l'inflation des pensions supérieures à 960 euros.

Le plan anti-crise de Mario Monti, composé de mesures de réduction du déficit d'environ 20 milliards d'euros et de mesures de relance pour plus de 10 milliards, prévoit en outre des coupes dans les dépenses, une augmentation de la fiscalité sur l'immobilier et une nouvelle hausse de la TVA si nécessaire.

Le débat sur ce plan débutera mardi à la Chambre des députés en vue d'une adoption en première lecture d'ici quelques jours. Un vote de confiance apparaît très probable.

Les partis, qui se sont ralliés en majorité à cette cure d'austérité comme à une sorte de mal nécessaire, tentent de l'amender, mais le chemin est étroit, le gouvernement excluant toute variation du montant.