L'Allemagne a accueilli mardi l'annonce de l'organisation d'un référendum en Grèce avec consternation et inquiétude, la classe politique s'irritant de cette décision et les banques du pays estimant que c'était «tout sauf un cadeau» pour la zone euro en crise.

La chancelière Angela Merkel a, dans un communiqué conjoint avec le président français Nicolas Sarkozy, réclamé «une feuille de route» pour la mise en application du plan de sauvetage de la Grèce décidé la semaine dernière à Bruxelles.

Le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle a pour sa part appelé Athènes à poursuivre les «efforts nécessaires» dans la crise de la dette dans l'intérêt de la stabilité de l'euro, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue grec Stavros Lambridinis.

Rainer Brüderle, ex-ministre de l'Économie et chef de file des députés libéraux, qui participent à la coalition de Mme Merkel, s'est lui dit «irrité par cette manoeuvre étrange» dans un entretien à la radio Deutschlandfunk.

«C'est comme essayer d'échapper à ce que l'on a soi-même négocié», a critiqué M. Brüderle, en jugeant probable une «banqueroute» de la Grèce en cas de victoire du «non» au référendum.

Plus acerbe encore, le spécialiste des questions européennes de la CSU, branche bavaroise de la CDU de Mme Merkel, Markus Ferber, a qualifié l'annonce de M. Papandréou de «folie politique et idiotie économique», dans un entretien au quotidien Die Welt. Le meneur des députés Verts Jürgen Trittin a lui estimé que «l'Europe abordait une phase à haut risque», lors d'un point de presse.

«L'intention du gouvernement grec d'organiser un référendum sur les mesures d'aide (décidées lors du sommet européen de la semaine dernière) a augmenté l'inquiétude sur les marchés», a pour sa part déploré la fédération des banques BdB.

«Pour la stabilisation de la situation qui est difficile comme avant, cette incertitude qui va probablement perdurer pendant des semaines est tout sauf un cadeau», a-t-elle estimé.

Les Bourses européennes et surtout les valeurs bancaires ont dégringolé mardi après l'annonce lundi soir par le premier ministre grec Georges Papandréou d'un référendum début 2012 sur le plan d'aide européen pour son pays élaboré la semaine dernière à Bruxelles.

Visiblement pris de court par l'annonce de M. Papandréou, le gouvernement allemand s'était contenté lundi soir d'un bref communiqué rédigé par le ministère des Finances.

«Le sommet des chefs d'État et de gouvernements européens la semaine dernière a formulé des attentes claires (...) le deuxième plan d'aide à la Grèce doit être en place d'ici la fin de l'année», rappelle sèchement le communiqué.

Le coup de poker de M. Papandréou ne suscitait toutefois pas que l'opprobre. M. Papandréou «veut solliciter l'approbation du peuple. Je peux le comprendre», a commenté le chef de file des euro-députés socialistes Martin Schulz, à propos du premier ministre grec lui aussi socialiste.

«Bravo, Monsieur Papandréou», applaudissait quant à lui un éditorial de l'édition en ligne de l'influent magazine Der Spiegel, confortant le chef du gouvernement grec dans le besoin d'«une légitimité pour son action».

Pour le député et chef de file des Unions chrétiennes (CDU/CSU) de Mme Merkel au Bundestag, Peter Altmaier, l'annonce du référendum «montre que M. Papandréou est sérieux avec sa politique d'austérité et ses réformes».