Les négociations pour sauver la Grèce et la zone euro progressent, ont assuré samedi Angela Merkel et Nicolas Sarkozy alors que le plan européen de sortie de crise prend forme avec un début d'accord sur la recapitalisation des banques du continent.

Le marathon des tractations sur la réponse à la contagion de la crise de la dette s'est poursuivi de manière intense samedi, à la veille d'un sommet des dirigeants européens où l'Italie va se retrouver sous pression de ses partenaires pour donner des engagements fermes concernant la réduction de son déficit.

«Ce sont des réunions absolument cruciales, il faut trouver des solutions (...), il faut résoudre cette crise financière», a déclaré le président français Nicolas Sarkozy à Bruxelles, avant un mini-sommet avec la chancelière allemande qui s'est achevé vers 23h30 (17h30 heure du Québec).

Rien n'a immédiatement filtré de cette rencontre, à laquelle ont participé aussi les présidents de l'UE, Herman Van Rompuy, de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et la directrice du FMI, Christine Lagarde.

«Il y a des progrès», a-t-il ajouté, affirmant sa détermination à parvenir «d'ici à mercredi» à une «solution ambitieuse» et «définitive». «Il n'y a pas d'autre choix», a-t-il martelé.

Angela Merkel a aussi fait état de «progrès», estimant que l'Europe en crise pouvait atteindre des «objectifs ambitieux d'ici mercredi».

Deux sommets européens ont été programmés pour tenter de stabiliser la Grèce surendettée et d'enrayer la contagion inquiétante de la crise de la dette à toute la zone euro: dimanche et surtout mercredi.

Le Premier ministre grec Georges Papandréou a dramatisé les enjeux, alors que les Européens sont en train de remanier le second plan d'aide à Athènes pour mettre nettement plus à contribution les banques et éviter la faillite au pays.

«Il ne s'agit pas seulement de l'avenir de l'Europe, mais de l'existence de l'Europe», a-t-il lancé.

L'Europe a mis au point un plan en trois temps: restructuration musclée de la dette grecque, recapitalisation des banques pour absorber ce choc, et renforcement du pare-feu de la zone euro, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), censé endiguer la propagation de la crise à l'Italie ou l'Espagne.

Les négociations sont difficiles en raison notamment de différends franco-allemands, mais des avancées ont été réalisées.

Sur le premier volet, les grands argentiers de la zone euro ont convenu vendredi soir de demander de nouveaux efforts «substantiels» aux banques créancières de la Grèce.

Leur condition: qu'elles acceptent d'effacer «au moins» la moitié de la valeur des dettes grecques qu'elles détiennent, contre 21% initialement prévu en juillet, selon une source diplomatique.

Un négociateur européen avec les banques a estimé que les discussions se passaient plutôt bien et s'est dit «confiant» sur la possibilité d'aboutir à un accord.

Les grandes banques réunies au sein de l'Institut de la finance internationale (IIF) se sont elles montrées plus prudentes. «Les discussions font des progrès, bien que ceux-ci soient limités», a indiqué le président de l'IIF, Charles Dallara, en exigeant des «perspectives réalistes pour l'économie de la Grèce et le retour de ce pays sur les marchés de capitaux».

Or, selon un rapport confidentiel des bailleurs de fonds internationaux de la Grèce, dont l'AFP a eu copie, la Grèce ne pourra pas recommencer à emprunter seule sur les marchés avant au mieux 2021.

La demande de forte décote de la zone euro s'appuie sur ce rapport qui estime aussi que les banques doivent accepter des pertes de 50% à 60% pour que la dette grecque soit viable.

Si les Européens n'obtiennent pas le feu vert des banques, cela pourrait provoquer un effet domino dans toute la zone euro avec contagion possible à l'Italie et à l'Espagne.

En contrepartie de l'effort attendu, les ministres des Finances des 27 ont identifié samedi les besoins en recapitalisation du secteur bancaire pour amortir le choc. Un début de consensus s'est dégagé autour de 107 à 108 milliards d'euros, selon une source proche du dossier.

Ce montant, supérieur aux 80 à 100 milliards évoqués ces derniers jours, mais inférieur aux 200 milliards recommandés par le FMI, découle d'un nouveau seuil de fonds propres minimum, de 9%, qui devrait être imposé aux établissements financiers d'ici mi-2012.

Au sujet du Fonds de secours de la zone euro, il reste des divergences importantes, notamment entre Paris et Berlin.

Ce mécanisme doit être nettement renforcé pour empêcher que la crise de la dette n'emporte l'Italie et l'Espagne. Mais en échange, les partenaires de Rome entendent demander dimanche à Silvio Berlusconi des précisions sur les mesures de réduction de la dette du pays, selon plusieurs sources diplomatiques.