À deux ans des prochaines élections législatives, des défections massives dans son camp auraient fortement fragilisé la position de Mme Merkel qui a déjà subi une série de revers aux élections régionales de 2010. Même si elle avait pris soin de ne pas lier son destin avec l'issue du scrutin.

Après des semaines de polémiques faisant planer des doutes sur la stabilité du gouvernement allemand, la chancelière a aussi évité l'humiliation de devoir recourir aux voix de l'opposition pour faire passer son texte.

Les députés conservateurs (CDU/CSU) et libéraux (FDP) ont finalement serré les rangs derrière elle pour ce vote sur l'élargissement de l'enveloppe et des compétences du fonds de sauvetage FESF.

Seuls 15 d'entre eux, sur 330, ont fait défection, bien moins que les chiffres de 30 à 40 rebelles qui circulaient cet été.

L'adoption de la loi, qui va faire passer les garanties fournies par l'Allemagne au FESF à 211 milliards d'euros maximum, plus que n'importe quel autre pays, ne faisait aucun doute. Deux des trois partis d'opposition, les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts, avaient d'emblée promis leurs voix.

Tout le monde attendait de savoir si Mme Merkel serait obligée de recourir aux voix de l'opposition pour faire passer cette loi.

«Maintenant, les problèmes internes avec les partenaires de la coalition, l'aile bavaroise CSU du parti conservateur et les Libéraux sur la direction à prendre dans la crise vont peut-être se calmer», estime Felix Eschwege, analyste de Natixis.

Le gouvernement n'a pas caché son soulagement. «Heureusement que le Bundestag a approuvé l'élargissement du FESF», a commenté le porte-parole Steffen Seibert dans un twitt immédiatement après la publication des résultats détaillés. «L'Europe et la moitié du monde avaient les yeux rivés sur l'Allemagne», a-t-il ajouté.

L'économiste Holger Schmieding, de Berenberg Bank, a parlé d'un soutien «solide comme un roc» de l'Allemagne à l'euro. «Quand il s'agit de la question qui compte, à savoir si l'Allemagne va faire ce qu'il faut pour préserver la monnaie unique, il y a un large consensus en faveur de l'euro», a-t-il noté.

L'influent hebdomadaire Spiegel prévoit cependant la poursuite des secousses. Les partenaires de coalition de Mme Merkel «sont très nerveux et la mettent sous pression», note le magazine dans un éditorial, «certains ministres de ce gouvernement sont toujours prêts à faire des embrouilles imprévues, surtout avant des échéances électorales régionales, pourquoi cela devrait-il changer?"

Au moins «le risque que la configuration du gouvernement allemand puisse changer dans les deux années à venir a diminué» après le vote de jeudi, juge M. Schmieding.

Forte du soutien de ses troupes, la chancelière va pouvoir s'atteler aux prochaines étapes du sauvetage de l'euro, dont tous les orateurs au Bundestag ont souligné jeudi l'extrême importance pour l'économie allemande fortement exportatrice.

Dans quelques semaines, les députés seront à nouveau appelés à se prononcer, sur un deuxième plan d'aide à la Grèce après celui de l'an dernier. Début 2012, ils devront se pencher sur un mécanisme permanent de sauvetage de la zone euro (MES), qui doit succéder mi-2013 au FESF.