Les républicains du Congrès américain opposés au plan des démocrates du Sénat pour éviter un défaut de paiement se sont déclarés «confiants» dans un accord proche avec la Maison-Blanche, appelant de nouveau le président Barack Obama à s'impliquer.

«Le sénateur (chef républicain du Sénat, Mitch McConnell) et moi sommes confiants dans le fait que nous allons parvenir à un accord avec la Maison-Blanche», a indiqué le président de la Chambre des représentants, John Boehner, samedi lors d'un point presse au Capitole à trois jours de la date butoir du 2 août fixée par le Trésor américain.

M. McConnell a indiqué avoir parlé à M. Obama et au vice-président Joe Biden samedi, et a estimé qu'un accord pourrait intervenir «dans un avenir très proche». Les deux hommes ont assuré qu'ils rejetteraient le dernier plan des démocrates du Sénat et qu'ils souhaitaient traiter avec le président.

Après avoir claqué la porte des négociations à la Maison-Blanche la semaine dernière, les républicains semblent compter sur M. Obama pour les aider à sortir de l'impasse.

Mais le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, a indiqué qu'aucun accord n'était proche samedi après-midi après une réunion d'une heure et demie à la Maison-Blanche avec M. Obama et la chef des démocrates de la Chambre, Nancy Pelosi.

«Ce n'est pas vrai», a-t-il assuré devant le Sénat. «Je viens de passer deux heures avec le président et le vice-président et les républicains refusent de négocier en toute bonne foi», a dit M. Reid.

La Chambre des représentants, où les républicains sont majoritaires, a rejeté samedi, par 246 voix contre 173, un plan démocrate pour tenter d'éviter un défaut de paiement à trois jours de l'échéance fixée par le Trésor.

Ce texte «ne sera pas adopté au Sénat», a prévenu M. McConnell.

Preuve du blocage entre les deux partis du Congrès, le vote de la Chambre intervient au lendemain du rejet d'un plan républicain par le Sénat.

De son côté, M. Obama a estimé samedi dans les négociations que les deux parties n'étaient «pas si loin l'une de l'autre», mais il a averti qu'il restait «peu de temps».

Samedi matin, les deux chambres du Congrès se sont lancées dans un nouveau week-end marathon pour tenter de trouver un accord avant mardi 2 août - date-butoir fixée par le Trésor - pour relever le plafond de la dette de 14 294 milliards de dollars et engager en même temps une politique de réduction des déficits.

«Nous avons toujours le temps de faire ça», a assuré samedi M. Reid, le chef de la majorité démocrate du Sénat. «J'exhorte mes amis républicains à se joindre à moi pour agir avec le seul plan de compromis qui reste», a-t-il ajouté. Pour tenter d'attirer des voix à droite, il a diffusé vendredi soir une nouvelle version de son plan avec des mesures «suggérées» par les républicains.

Le chef démocrate a également assuré samedi qu'il y avait des «discussions significatives» entre les sénateurs des deux camps samedi pour tenter d'arracher les 60 voix sur 100 nécessaires à l'adoption du plan. M. Reid dispose d'une majorité de 53 sénateurs.

Vendredi, il a aussi pris des mesures pour programmer un premier vote au Sénat ce week-end afin de tenter de faire adopter son texte.

Mais 43 des 47 sénateurs républicains ont écrit à M. Reid pour lui dire qu'ils ne soutiendraient pas son plan.

Dans son ultime version, le plan de M. Reid autorise un relèvement du plafond de la dette de 2 400 milliards de dollars, accompagné de 2 400 milliards de dollars de réductions budgétaires sur 10 ans. Ce relèvement du plafond de la dette est conçu pour tenir jusqu'en 2013.

Les républicains, eux, insistent sur un plan en deux étapes : un premier relèvement avant le 2 août et un deuxième début 2012, soit en pleine campagne électorale.

Si les deux partis ont fait des concessions au fil des négociations, leurs philosophies politiques restent largement opposées. D'un côté les républicains réclament des baisses d'impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l'autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d'efforts fiscaux de la part des plus riches.

Si aucun projet de loi pour relever le plafond de la dette n'est envoyé à la Maison-Blanche avant le 2 août, il ne restera que quelques jours à l'administration pour payer ses factures avant d'épuiser ses réserves d'argent, selon les analystes. Un défaut de paiement pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'économie mondiale.

L'ancien secrétaire adjoint au Trésor sous l'administration de George W. Bush, Neel Kashkari, qui a été confronté à la situation créée par l'effondrement de la grande banque d'affaires Lehman Brothers, a estimé vendredi que le contexte économique était pire en septembre 2008 qu'à l'heure actuelle, mais que l'économie américaine demeurait fragile.