Si vous êtes sous-pondéré en actions et obligations américaines tout en ayant passablement de liquidités dans votre portefeuille, soyez aux aguets au cours des prochains jours, car des occasions d'achat pourraient se matérialiser dans la foulée de la crise budgétaire qui secoue nos voisins du Sud.

À l'inverse, si vous n'avez pas un rond en encaisse et que votre portefeuille déborde de titres américains, il se fait tard pour bouger. Il faut espérer que l'ouragan qui menace se transforme en une ondée estivale inoffensive.

Pour ceux qui opteraient pour passer à l'action, il faudra privilégier les actifs de très grande qualité. Ceux-ci pourraient prendre de la valeur à la suite d'une décote de la dette américaine, les investisseurs auront probablement le réflexe de s'y réfugier. Il ne serait pas superflu, en outre, de se couvrir contre le risque de change. Le dollar américain est à risque.

Nervosité

À mesure que l'on se rapproche de la date butoir du 2 août et que l'impasse budgétaire persiste, les marchés financiers deviennent nerveux. Hier, le S&P 500 a reculé de 2%.

Impensable il n'y a pas si longtemps, le scénario d'une décote de la dette américaine a maintenant 25% de chances de se réaliser, selon Carlos Leitao, économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, qui croit, par ailleurs, très peu probable que le gouvernement Obama fasse défaut sur sa dette.

«Il me semble qu'il y aura un arrangement quelconque avant ou même après le 2 août qui permettrait au gouvernement américain d'emprunter pour éviter le défaut. Un tel arrangement partiel serait insatisfaisant aux yeux des agences de notation. Une décote de la dette américaine deviendrait alors très probable dans les 90 jours qui suivraient», explique-t-il.

Le cas échéant, on doit s'attendre à un flight to quality de la part des investisseurs, indique l'économiste en chef de VMBL. Les investisseurs pourraient se ruer sur les actifs véritablement AAA au détriment des titres de plus faible qualité.

«Une décote de la dette américaine de AAA à AA+ est peu susceptible de créer un effet de contagion dans l'ensemble des marchés, croit pour sa part Alan Ruskin, stratège de la Deutsche Bank, cité par The Economist. L'appétit des investisseurs pour le risque ne devrait pas être modifié pour la peine, au-delà de la réaction immédiate des marchés boursiers américains dans les jours suivant l'événement.»

Comment faire face à la tempête

Dans ce contexte, quelle stratégie doit suivre le petit investisseur possédant des titres américains?

«Si on est dans notre bateau et qu'on regarde chaque vague qui le frappe, on va avoir le mal de mer et être très malade, dit Jean-Paul Giacometti, gestionnaire de portefeuille chez Claret, de Montréal. Il vaut mieux regarder à l'horizon. Des tempêtes de la sorte, il y en a souvent.»

Chez Claret, on est à l'affût de sociétés très profitables à la Microsoft qui se vendent bon marché.

Pas de panique non plus parmi les clients d'Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille chez PWL Capital. Ils sont actuellement légèrement sous-pondérés en actions américaines depuis six à neuf mois. «Le problème relatif à la dette américaine n'est pas une nouvelle fraîche. Ça fait des années que les investisseurs doivent prendre en considération que la dette américaine augmente sans cesse», dit-elle, notant au passage que le marché américain lui paraît mûr pour une correction après s'être apprécié considérablement depuis son creux de mars 2009.

Ses clients disposent de suffisamment d'argent en encaisse pour être en mesure de remonter la portion américaine de leur portefeuille en cas d'aubaines éventuelles sur les marchés boursiers. Mme Gagné a aussi choisi de protéger l'avoir de ses clients contre le risque de change, afin de se prémunir d'une baisse du dollar américain.

L'auteure de plusieurs livres sur les finances personnelles favorise l'investissement dans des produits indiciels plutôt que dans des titres en particulier.