Le dernier des quatre accusés dans l'affaire Cinar, John Xanthoudakis, a été arrêté et accusé de quelque 25 chefs d'accusation, mardi, pour sa présumée implication dans un détournement de fonds de 120 millions de dollars.

Xanthoudakis, 52 ans, s'est rendu à la justice mardi matin à l'aéroport Montréal-Trudeau. Des membres du Service des enquêtes sur la sécurité financière de la Sûreté du Québec l'ont arrêté peu avant 9h à sa sortie de l'avion.

Vêtu d'une chemise rouge et d'un veston noir, le teint basané, John Xanthoudakis a comparu au palais de justice de Montréal en après-midi. Il a été remis en liberté moyennant une hypothèque légale de 100 000 $ sur une résidence de la place Félix-Guyon, à Laval. Le ministère public lui a également imposé de remettre son passeport et de s'abstenir de communiquer avec les coaccusés et les témoins dans cette affaire.

John Xanthoudakis et trois autres collaborateurs de Cinar faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt depuis le début du mois. Le ministère public leur reproche d'avoir détourné 120 millions de dollars vers les Bahamas entre 1997 et 2005, et ce à l'insu du conseil d'administration de Cinar. Xanthoudakis était le président de Norshield Financial Group, la firme qui aurait été impliquée dans l'administration des fonds détournés.

Jeudi dernier, le cofondateur de Cinar, Ronald Weinberg, a été arrêté à son retour de vacances. Considéré par la Couronne comme l'acteur le plus important dans la fraude, Weinberg a fondé Cinar avec sa conjointe, feu Micheline Charest, en 1984.

Deux autres collaborateurs, le comptable Lino Pasquale Matteo et l'ex-chef de la direction financière de Cinar Hasanain Panju, sont aussi accusés d'avoir participé à cette fraude. Ils ont été arrêtés au début du mois. Les quatre hommes font face à un total de 36 chefs d'accusations de fraude, de faux et de faux prospectus.

Les ennuis de Cinar, compagnie spécialisée dans le domaine des émissions pour enfants, ont commencé en 1996, lorsque le créateur Claude Robinson a intenté une poursuite de 2 millions de dollars pour plagiat.

En 1999, on a appris que Cinar avait utilisé des prête-noms pour profiter de subventions et de crédits d'impôt. L'année suivante, on a découvert que le couple Weinberg-Charest avait rénové sa maison de Westmount et sa maison de campagne avec des fonds de Cinar. Le virement de 120 millions de dollars américains aux Bahamas a aussi été mis au jour.

John Xanthoudakis sera de retour devant le juge le 4 mai.