Une fois qu'on a choisi ses fonds communs, il faut aussi décider si on les place dans son CELI (compte d'épargne libre d'impôt), dans son REER (régime enregistré d'épargne-retraite) ou encore dans son REEE (régime enregistré d'épargne-études).

Pour arriver à donner de bons conseils, le planificateur financier devra regarder l'âge de l'investisseur, sa situation fiscale, sa tolérance au risque ainsi que ses objectifs à court terme et à long terme.

 

Si chaque cas est particulier, les experts interviewés ont tout de même accepté de donner quelques grandes lignes directrices.

D'abord, le CELI

«On a avantage à y placer des produits qui vont générer des revenus qui ont un haut taux d'imposition, comme les intérêts, imposés à 100%», affirme Isabelle Gervasio, vice-présidente et directrice, Québec, Gestion de fonds Mavrix.

Un exemple? Lorsqu'on prévoit placer son argent à moyen terme dans un CELI, on peut regarder vers les fonds de revenu.

Daniel Bissonnette, planificateur financier chez Planifax, met toutefois un bémol.

«Effectivement, avec le CELI, c'est intéressant d'aller vers des fonds qui ont beaucoup de revenus fixes, comme les fonds d'obligation. Toutefois, dans le contexte actuel, il faut faire attention. La demande est tellement forte pour les obligations que je crois que ça pourrait être la prochaine bulle.»

Ce qu'il propose: les fonds de dividendes et croissance de dividendes de grandes compagnies solides. «Généralement, on conseille de mettre ces fonds dans un compte ouvert étant donné que les dividendes donnent des crédits d'impôt, dit-il. Toutefois, actuellement, on peut acheter les parts à bas prix et comme ces compagnies sont solides, elles seront probablement les premières à ressortir de la crise. On peut donc s'attendre à de grands revenus en dividende, mais aussi, en gain de capital, et tout cela sera à l'abri de l'impôt dans un CELI.»

Daniel Bissonnette croit aussi que les fonds équilibrés de style valeur sont une bonne option pour le CELI. «Actuellement, le prix des actions est bas, alors on peut penser qu'ils reprendront de la valeur prochainement et les revenus générés seront importants.»

Toutefois, lorsque le CELI est utilisé pour des besoins à court terme, c'est autre chose. En effet, les fonds qui contiennent des actions sont très risqués pour une vision à court terme.

«Les actions sont très volatiles et on ne peut pas prévoir le moment idéal pour les encaisser. Pour des projets à court terme, on est mieux d'aller vers de plus petits taux d'intérêt, mais avec lesquels le placement est garanti», indique Claude Montreuil, associé chez Caron Groupe Financier.

Le REER

Pour le REER maintenant, Isabelle Gervasio croit qu'on peut opter pour des fonds long terme, tout en respectant sa tolérance au risque et sa stratégie établie avec son planificateur financier.

Aux yeux de Daniel Bissonnette, le fonds équilibré de style valeur demeure généralement une bonne option pour son REER. «Ces fonds demeurent prudents, donc peu volatils, mais en même temps, très intéressants sur le long terme. Actuellement, le prix des actions est vraiment intéressant, alors ça vaut la peine d'y aller, tout en respectant son profil d'investisseur, évidemment.»

Pour ceux qui ont du temps devant eux et qui sont capables d'accepter une certaine volatilité, il conseille également d'aller voir du côté des fonds d'action. «Les occasions sont phénoménales avec les prix actuels. En 33 ans d'exercice, je n'ai jamais rien vu de tel. Toutefois, il ne faut pas tomber dans la spéculation et tout y investir.»

Le REEE

Et dans le REEE maintenant?

Daniel Bissonnette précise qu'il est intéressant de viser des fonds qui donneront de bons revenus puisqu'ils demeureront à l'abri de l'impôt.

Mais encore une fois, ça dépend de l'horizon de placement. Ce n'est pas la même chose si on commence à placer de l'argent dans un REEE pour un enfant d'un an ou pour un enfant qui en a 10.

«Si on a quand même un bout de temps devant soi, on a avantage à aller vers des fonds qui donneront un bon rendement à long terme, comme des fonds équilibrés de type valeur, des fonds de revenus et des fonds d'action. Ces fonds donneront de bons revenus lorsque les marchés remontreront. Évidemment, il ne faut aussi jamais oublier de faire fréquemment du rééquilibrage», affirme-t-il.

«Il ne faut surtout pas négliger sa tolérance au risque, même si on ouvre un REEE avec un grand horizon de placement, ajoute Claude Montreuil. Parce que c'est bien beau de se dire que les marchés ont bien le temps de remonter, mais encore faut-il être capable de bien vivre avec ses choix. Personne n'aime voir ses économies fondre.»

 

QUELQUES PISTES À REGARDER

Dans le domaine de l'investissement, chaque conseil doit être personnalisé en fonction de son profil d'investisseur, de son horizon de placement et de bien d'autres facteurs. Des spécialistes interviewés ont tout de même accepté de donner quelques bonnes pistes à regarder, à leurs yeux, en matière de fonds communs.

D'abord, une règle d'or : si on investit à court terme, on oublie les actions.

« Pour le court terme, on se tourne plutôt vers les fonds de bons du Trésor et les obligations «, affirme Denis L'Hostie, directeur principal à la planification financière à la Banque Laurentienne.

Actuellement, Jay Aizanman, vice-président, comptes nationaux, gestion et distribution chez Investissements Standard Life, trouve particulièrement intéressantes les obligations corporatives et provinciales.

« Elles sont beaucoup moins chères et ont un taux d'intérêt beaucoup plus élevé que celles du gouvernement fédéral «, dit-il.

Pour le moyen ou le long terme, on peut aller vers des fonds plus risqués, en respectant son profil d'investisseur.

M. Aizanman souhaite entre autres at tirer l 'attention des investisseurs sur les fonds de dividendes.

« Dans le contexte actuel, c'est très intéressant d'arriver à trouver des compagnies qui payent des dividendes et surtout, ajoute-t-il, qui sont en mesure de continuer à en payer malgré les pertes de profit. «

Ceux dont le profil le permet devraient aussi regarder du côté des fonds de petites entreprises, croit M. L'Hostie. « Ces actions sont très volatiles, mais historiquement, ce sont toujours les petites entreprises qui redémarrent les premières après une crise «, dit-il.

Il croit que les fonds de grandes entreprises ont aussi leur intérêt.

«Ces actions demeurent volatiles, mais ces entreprises sont bien établies, dit-il. Si on met de côté les années records, le rendement moyen de ces fonds qui sont assez performants se situe autour de 7 ou 8%, ce qui est quand même intéressant. «

Enfin, pour savoir précisément quels fonds choisir, il faut savoir que chaque conseiller a ses préférences et ses habitudes.

« Il existe plus de 4000 fonds au Québec et c'est évident qu'un conseiller ne les connaît pas tous, dit-il. Chacun en cible quelques-uns de différents types et les étudie en profondeur pour ensuite pouvoir les proposer à ses clients, en fonction de leur profil et de leur horizon de placement «, explique M. L'Hostie.