«Sous-traitants de ce monde, unissez-vous!» Lancée à la blague par le directeur du groupe d'étude en management des entreprises de l'aéronautique (GEME AERO) de l'ESG à l'UQAM, Mehran Ebrahimi, l'idée représente bien le cri du coeur de l'ensemble des acteurs du secteur lorsqu'il est question des PME.

«On veut davantage de moyennes entreprises capables d'investir dans la recherche et le développement, affirme Michel Legault, directeur principal au développement des affaires chez Bell Helicopter. Puisque selon ce dernier, derrière le sigle PME se cache plus de «P» que de «M».

Beaucoup de PME de l'industrie aéronautique ont vu le jour à une époque où les grands donneurs d'ordres faisaient indépendamment affaire avec de nombreuses petites entreprises. Boeing, par exemple, sous-traitait avec 3500 d'entre elles. «Aujourd'hui, ils ont réduit ce chiffre à 500», explique le professeur Ebrahimi.

Mais la réalité du marché est aujourd'hui différente et la capacité d'innover des PME dépend souvent de leurs associations avec d'autres. Seules, elles n'en ont pas toujours les moyens.

«Sur 240 entreprises, il y en a 101 qui font de la recherche et du développement. Cela est très risqué puisqu'on a beaucoup trop de receveurs d'ordre», estime M. Ebrahimi. Environ 95% de la recherche et développement se fait par les cinq grandes entreprises aéronautiques», ajoute-t-il.

«Il faut changer les mentalités des dirigeants de PME, estime le président-directeur général de l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA), Jacques Saada. Et il faut surtout comprendre que le voisin n'est pas nécessairement un concurrent, mais un partenaire.»

«Nous devons montrer aux donneurs d'ordre que l'on peut faire plus qu'une pièce à partir d'un dessin», lance Claude Lessard, président de Delastek, un fabricant de produits électroniques et composites haute technologie. «Mais les gouvernements doivent nous aider à assumer le risque», ajoute-t-il.

Et selon M.Ebrahimi, le gouvernement du Québec comprend mieux les enjeux que son vis-à-vis fédéral, notamment grâce à sa Stratégie de développement de l'industrie aéronautique québécoise lancée en 2006. Mais cela n'est pas suffisant.

«Les aides en crédits d'impôt, c'est très bien, mais cela veut dire que la société doit d'abord prendre des risques et investir des montants faramineux. Si son produit marche, c'est là qu'elle peut récolter les fruits. Les entreprises sont très mal accompagnées», estime-t-il.