Il n’y a pas de contre-indication médicale absolue pour une mission humaine vers Mars. Mais plusieurs « drapeaux jaunes » pour la santé des astronautes devront être réglés par la technologie ou des médicaments, selon plusieurs études publiées à la suite d’une mission spatiale privée en 2021.

« Il n’y a pas de raison médicale que des humains ne pourraient pas aller jusqu’à Mars et en revenir », a dit en téléconférence de presse lundi Christopher Mason, de l’Université Cornell. « Nous ne pourrons probablement pas faire plusieurs allers-retours. Mais le corps humain s’adapte à l’espace. Et nous pouvons avoir des atténuateurs des radiations et des effets de la microgravité. »

M. Mason était le chercheur principal de l’équipe internationale qui a analysé les données de la mission privée Inspiration 4. Plus d’une vingtaine d’études sont publiées mardi dans la revue Nature Communications. Inspiration 4 a volé dans une capsule Dragon de SpaceX et a été financée et commandée par le milliardaire de la technologie Jared Isaacman, dont un autre projet est de réparer le télescope spatial Hubble.

L’un des principaux risques d’une mission à long terme loin du champ magnétique protecteur de la Terre est un rétrécissement des canaux des reins. Le risque de pierre aux reins augmente et une modélisation chez la souris montrait « des dommages permanents et des problèmes de fonctionnement » des reins, selon une étude publiée par des chercheurs du Collège universitaire de Londres (UCL).

Ce problème rénal avait été observé dans d’autres suivis médicaux d’astronautes en mission à long terme en orbite terrestre, mais il avait été attribué à l’ostéoporose liée à la microgravité, qui augmente la quantité de calcium dans l’urine. Les chercheurs londoniens ont déterminé que la microgravité altère la gestion des sels par les reins.

PHOTO FOURNIE PAR INSPIRATION 4

L’équipage d’Inspiration 4 : de gauche à droite, Christopher Sembroski, Sian Proctor, Jared Isaacman et Haley Arceneaux

Des médicaments pourraient restaurer le fonctionnement normal des reins, ou alors un régime d’exercice contrant la microgravité, pourraient être des parades à ce problème.

Cardiopathies

L’exposition accrue aux radiations en provenance du Soleil, lorsqu’on quitte l’orbite terrestre, a été liée depuis le programme lunaire Apollo à des problèmes cardiaques. L’une des études montre que trois molécules, pour lesquelles il existe des médicaments inhibiteurs, sont parmi les causes de ces cardiopathies. Des troubles du système immunitaire, notamment du système lymphatique, ont aussi été notés.

La mission Inspiration 4 a passé seulement trois jours en orbite, mais à une altitude de 600 km. Comme la protection du champ magnétique terrestre diminue avec l’altitude, la dose de radiations à laquelle ils ont été exposés était donc similaire à celle d’un séjour de neuf mois sur la Station spatiale internationale, qui est à une altitude de 400 km. Une mission martienne exposerait les astronautes à des doses dix fois plus fortes de radiations en provenance du Soleil.

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    Augmentation du risque de mourir d’une maladie cardiaque chez les astronautes d’Apollo ayant été jusqu’à la Lune
    Source : Scientific Reports