Hubble entame la dernière ligne droite. Plus de 30 ans après son lancement, le télescope spatial doit ralentir le rythme en raison de gyroscopes défectueux.

Six gyroscopes

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L’astronaute Mike Massimino travaille sur les gyroscopes de Hubble dans la soute d’Atlantis en 2009.

« Depuis quelques semaines, on entendait dire qu’il y avait des problèmes avec un des trois gyroscopes restants », explique Nathalie Ouellette, scientifique chargée des communications sur le télescope spatial James Webb au Canada. « Mardi, la NASA a décidé d’utiliser un seul gyroscope plutôt que trois pour contrôler Hubble. Ça va ralentir et restreindre les mouvements, alors il va y avoir moins de temps scientifique. Mais ça va allonger la durée de vie des deux gyroscopes restants, peut-être même jusqu’à la prochaine décennie. » Lors de sa dernière mise à niveau, en 2009, Hubble avait reçu six gyroscopes neufs.

Complémentaire au James Webb

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Impression d’artiste du télescope spatial James Webb

Le télescope spatial James Webb, lancé en grande pompe fin 2021, ne peut-il pas prendre le relais de Hubble ? « Hubble peut voir la lumière visible et l’ultraviolet, alors que le James Webb travaille plutôt dans l’infrarouge, dit Mme Ouellette, qui est aussi directrice adjointe de l’iREx, l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes de l’Université de Montréal. Ils sont complémentaires. » James Webb a par exemple permis de voir les étoiles en formation derrière la poussière dans la célèbre image des « Piliers de la création » de Hubble, mais les piliers de poussière, eux, sont moins visibles.

Le successeur

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Impression d’artiste du télescope spatial Castor

Nathalie Ouellette était mercredi à un congrès canadien d’astronomie à Toronto. Les déboires de Hubble étaient discutés. « On a parlé du télescope canadien Castor, qui pourrait remplacer en partie Hubble, dit l’astrophysicienne montréalaise. S’il obtient rapidement du financement, il pourrait entrer en service durant cette décennie. » Castor (télescope pour l’étude avancée du cosmos dans la partie optique et la partie UV du spectre), proposé en 2010 et poussé par l’Agence spatiale canadienne, a un coût de 480 millions CAN. « Comme c’est un télescope canadien, les chercheurs d’ici y auraient beaucoup accès. »

Une vie mouvementée

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Hubble lors de sa dernière réparation, dans la soute de la navette Atlantis en 2009.

Depuis son lancement en 1990, Hubble a eu 22 gyroscopes. Les problèmes sont survenus dès le lancement : un miroir avait été mal poli et Hubble était presque aveugle. Le problème a été réglé en 1993. Par la suite, Hubble a eu quatre autres missions de réparation par la navette spatiale. Est-ce une malédiction ? « Le télescope spatial japonais Hitomi a été perdu peu après son lancement en 2016. Hubble devait durer dix ans. Alors je dirais que ce n’est pas vraiment une malédiction. » Des missions privées de réparation de Hubble sont proposées, mais Mme Ouellette est sceptique quant à leurs chances de succès.

Cinq découvertes majeures

Quand on demande à Mme Ouellette quelles sont les images les plus importantes de Hubble, elle mentionne d’entrée de jeu les Piliers de la création, amas de poussière où se forment des étoiles. « Ça a été important pour le public, mais aussi pour les chercheurs en formations d’étoiles. » L’observation d’étoiles très anciennes et la détection d’eau sur des exoplanètes habitables font aussi partie de son palmarès.

Cinq découvertes majeures
  • La galaxie du Moulinet, située à 31 millions d’années-lumière, abritait notamment une supernova visible l’été dernier depuis le Québec. Photo prise en 2005.

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    La galaxie du Moulinet, située à 31 millions d’années-lumière, abritait notamment une supernova visible l’été dernier depuis le Québec. Photo prise en 2005.

  • Les Piliers de la création, situés à 7000 années-lumière, croqués en 2018

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    Les Piliers de la création, situés à 7000 années-lumière, croqués en 2018

  • La nébuleuse de l’Hippocampe, située à 1375 années-lumière, croquée en 2013

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    La nébuleuse de l’Hippocampe, située à 1375 années-lumière, croquée en 2013

  • Cette image de 2006 montre des galaxies telles qu’elles apparaissaient 800 millions d’années après le Big Bang.

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    Cette image de 2006 montre des galaxies telles qu’elles apparaissaient 800 millions d’années après le Big Bang.

  • La création d’une étoile à 1300 millions d’années-lumière, croquée en 2021, a provoqué des jets de matière ressemblant à une épée cosmique.

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    La création d’une étoile à 1300 millions d’années-lumière, croquée en 2021, a provoqué des jets de matière ressemblant à une épée cosmique.

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