Un logiciel québécois a été approuvé par Santé Canada pour aider au suivi de la sclérose en plaques. ETNA-MS utilise les mouvements des yeux pour évaluer la progression de la maladie.

« Il y a typiquement une attente de huit à neuf mois pour que les patients voient un neurologue spécialisé dans la sclérose en plaques », explique Étienne de Villers-Sidani, neurologue au Neuro (Institut-hôpital neurologique de Montréal). « Le logiciel peut être utilisé par un neurologue non spécialiste et peut-être même éventuellement par un médecin de famille. Un suivi plus serré de la maladie permettra d’utiliser les bons médicaments pour les différents stades. »

ETNA-MS a été validé chez 350 patients de plusieurs hôpitaux canadiens et américains par Innodem Neurosciences, l’entreprise fondée par le Dr de Villers-Sidani. La société pharmaceutique Novartis a aidé au processus.

« Cette approche devrait permettre de profiter pleinement des avancées au niveau des médicaments pour la sclérose en plaques », estime Diego Mena Martínez, directeur québécois de la Société canadienne de la sclérose en plaques.

Projet pilote

Une dizaine de cliniques canadiennes de sclérose en plaques participent actuellement à un projet pilote pour voir quels sont les effets du suivi plus serré de la maladie avec le logiciel, afin de négocier avec les gouvernements et les assureurs médicaux le remboursement de son utilisation. Selon le Dr de Villers-Sidani, près de la moitié des patients voient leur maladie progresser chaque année.

Une approbation américaine sera demandée en 2025, avec une deuxième version d’ETNA-MS, qui suivra aussi les aspects cognitifs de la sclérose en plaques. « Ces aspects cognitifs sont moins pris en compte actuellement, même s’il y a des impacts importants sur la qualité de vie. » Ces effets cognitifs incluent des difficultés de concentration.

À terme, le Dr de Villers-Sidani pense qu’ETNA-MS pourrait être utilisé pour diagnostiquer la sclérose en plaques. « Pour cela, il faudrait pouvoir distinguer l’impact sur le mouvement des yeux de la sclérose en plaques et d’autres causes, comme des tumeurs ou des AVC. »

Il travaille aussi sur les liens entre les mouvements des yeux et d’autres maladies neurologiques, comme le parkinson et l’alzheimer. Les changements dans les mouvements des yeux causés par des maladies neurologiques sont connus depuis le XIXe siècle.

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui touche 90 000 Canadiens, avec un âge moyen au diagnostic de 43 ans. La maladie provoque des faiblesses musculaires pouvant aller jusqu’à des difficultés de locomotion et de motricité fine, et des troubles de vision et cognitifs.

En savoir plus
  • Trois fois plus
    La sclérose en plaques touche trois fois plus les femmes que les hommes.
    Source : Société canadienne de la sclérose en plaques
    Huit ans
    Les Canadiens atteints de la sclérose en plaques meurent huit ans plus jeunes que la moyenne.
    SOURCE : Neurology