Pomme, cheddar, lait, tasse de café : autant de surfaces où le virus de l’herpès peut survivre plusieurs heures, selon une nouvelle étude québécoise. Faut-il s’inquiéter ?

« Il y avait eu des études sur la persistance de l’herpès sur des surfaces comme le métal ou le verre, mais jamais avec de la nourriture », explique Julie Jean, virologue alimentaire à l’Université Laval, qui est l’auteure principale de l’étude publiée dans le Journal of Applied Microbiology. « Et nous n’avons pas seulement vérifié s’il y avait des traces d’ARN du virus, mais s’il était infectieux. »

L’étude portait sur quatre contenants pour boissons, trois aliments solides et quatre boissons, à quatre températures allant de -20 degrés Celsius à 37 degrés Celsius. « Plus la température est basse, plus le virus va survivre, dit Mme Jean. On veut maintenant étudier la persistance sur les verres. Comment s’assurer qu’il est bien inactivé au lave-vaisselle, avec quel type de produit il faut le laver. »

La prochaine étape est de vérifier si le virus peut infecter une autre personne.

Même s’il garde une capacité infectieuse quand il est sur la surface d’un aliment partagé, ça ne veut pas dire qu’il va pouvoir infecter la deuxième personne.

Julie Jean, virologue alimentaire à l’Université Laval

« Ça dépend de la durée de l’exposition et de la quantité de matériel infectieux, dit Mme Jean. Si on prend une gorgée ou plusieurs gorgées sur une bouteille, par exemple, le risque peut être différent. »

Transmission méconnue

L’autre élément est la capacité neutralisatrice de l’aliment. « Dans du coca-cola, l’acidité inhibe la capacité infectieuse. » L’infectiosité du virus dans le café à 20 degrés Celsius dure moins d’une demi-heure, mais se maintient pendant plus d’une heure à 4 degrés Celsius. Sur le cheddar, l’infectiosité diminue après une heure, mais sur la peau d’une pomme et sur des amandes, elle ne faiblit pas, même après une journée.

L’équipe de Mme Jean a étudié la transmission de l’herpès par les aliments parce qu’il s’agit d’un virus utilisé pour la transmission d’autres pathogènes. « On utilisait l’herpès comme modèle pour des virus qui résistent beaucoup plus longtemps sur des surfaces, dit MmJean. On s’est rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup de données dans la littérature sur la transmission de l’herpès. »

L’herpès est un virus qu’il est impossible d’éliminer du corps humain. Il ne cause généralement que peu de problèmes sous la forme buccale, mais peut entraîner des encéphalites. Il est souvent asymptomatique.

En savoir plus
  • 40 à 70 %
    Proportion des adultes infectés par l’herpès buccal au Canada
    source : inspq
    6 à 19 %
    Proportion des adultes infectés par l’herpès génital au Canada
    source : inspq