Les premières analyses de l’échantillon de l’astéroïde Bénou, qui est revenu sur Terre le 24 septembre, contiennent de l’eau, a révélé la NASA mercredi matin.

« On n’a pas eu beaucoup de surprises, et quand on a été surpris, ça a été une bonne nouvelle », a indiqué Dante Lauretta, chef scientifique de la mission OSIRIS-REx, durant une téléconférence de presse mercredi après-midi. « Par exemple, on a une quantité élevée de carbone, 4,7 %. »

Ce carbone n’est pas entièrement minéral, ce qui signifie que des composés organiques sont probablement présents dans les échantillons, selon Caroline-Emmanuelle Morisset, géochimiste à l’Agence spatiale canadienne (ASC), en entrevue avec La Presse.

Bénou a été choisi parce qu’il appartient à un type d’astéroïde qui contient les matériaux de base du système solaire et pourrait avoir amené sur la Terre les molécules essentielles à la vie, et aussi parce qu’il y a un faible risque qu’il percute la Terre d’ici 2300 (moins de 0,05 %).

OSIRIS-REx (un acronyme d’« explorateur de régolithe pour les origines, l’interprétation spectrale, l’identification de ressources minières et la sécurité »), lancée en 2016, a atteint l’astéroïde Bénou en 2018. Après deux ans d’observations, des échantillons ont été recueillis en 2020.

Objectif dépassé

L’objectif de 60 grammes de matériel de Bénou a été largement dépassé, a indiqué M. Lauretta. Une analyse durant le vol vers la Terre a montré qu’il y a entre 149 et 351 grammes. Mais la présence de poussière et de rocs de Bénou à l’extérieur des contenants hermétiques ralentit leur ouverture, a dit M. Lauretta. « Soyez patients », a-t-il répondu à des journalistes qui lui demandaient quand on saurait le poids exact des échantillons. Quand La Presse lui a demandé si on aurait la réponse avant Noël, il a ri et a précisé qu’il saurait combien de grammes de Bénou sont revenus sur Terre « d’ici quelques semaines ».

Ne pourrait-on pas faire des analyses par ultrasons ou autre pour le savoir plus rapidement ? « La capsule est conservée dans une atmosphère sous azote, on n’a pas beaucoup de place pour des instruments », a dit Mme Morisset.

Le Canada héritera de 4 % de ce matériel, donc entre 6 et 13 g, parce qu’il a fourni un altimètre laser pour OSIRIS-REx. Les échantillons de Bénou seront conservés à l’ASC, dans l’arrondissement de Saint-Hubert à Longueuil, à partir de la fin de 2024, dans une installation dont le contrat de construction vient d’être attribué. Dans les prochains mois, Mme Morisset dirigera le choix des échantillons du Canada, avec deux collègues, en consultation avec des chercheurs canadiens. « La sélection sera basée surtout sur la représentativité de l’échantillon de Bénou, selon la granulométrie, la taille de grains, et la lithologie, le type de roches », dit-elle.

Péripéties

L’extraction de l’échantillon de Bénou n’a pas été sans heurts. Il s’est révélé beaucoup plus accidenté que prévu, ce qui a nécessité des analyses poussées pour choisir le site d’échantillonnage. Le guitariste de Queen Brian May, qui a un doctorat en astrophysique, a notamment participé à la mission en produisant une modélisation 3D de Bénou.

En savoir plus
  • 3,5 millions
    Coût de construction du laboratoire qui abritera les échantillons de Bénou à l’Agence spatiale canadienne, à Saint-Hubert
    SOURCE : ASC
    45 millions
    Coût de fabrication de l’altimètre canadien OLA d’OSIRIS-REx 
    SOURCE : ASC