Gels, sécheresses, ravageurs : les changements climatiques menacent notre garde-manger. Des chercheurs de l’Université McGill viennent de créer la plus vaste carte génétique de la pomme de terre, afin qu’elle serve de boussole aux scientifiques qui voudront mettre au point des tubercules plus résilients.

10 000 ans

Domestiquée il y a 10 000 ans dans les Andes, la pomme de terre est aujourd’hui au troisième rang des aliments les plus consommés dans le monde, après le riz et le blé.

296 variétés

Les chercheurs ont réuni les séquences d’ADN de 296 variétés de pommes de terre pour créer un « super-pangénome », une sorte d’arbre généalogique qui reflète l’ensemble des gènes d’une espèce. C’est le plus gros jamais élaboré pour une plante.

132 355 « pangènes »

Plus de 130 000 « pangènes » différents ont été identifiés par les chercheurs, qui ont publié leurs résultats dans la prestigieuse revue PNAS. Cette vaste bibliothèque de gènes pourra servir de point de départ aux reproducteurs qui voudront créer la patate de demain.

La pomme de terre du futur

Météo

Russet Burbank, Yukon Gold, Atlantique : les cultivars que l’on mange sont vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes causés par les changements climatiques, explique la professeure Martina Strömvik, qui a dirigé la recherche. « Les espèces sauvages peuvent présenter des caractéristiques génétiques utiles pour la tolérance à la chaleur, à la sécheresse et au froid », souligne-t-elle. Même si leur goût est inintéressant et qu’elles sont parfois même toxiques, les espèces sauvages pourraient détenir certaines clés. « En rassemblant l’ensemble des informations génétiques disponibles à ce jour, nous pouvons savoir où commencer à rechercher les différents traits dont les cultivars auront besoin dans un climat changé. »

Maladies et insectes

Avec le réchauffement de la planète, les agriculteurs s’attendent à une présence grandissante d’insectes ravageurs qui risquent de migrer vers le nord. Déjà, le doryphore de la pomme de terre cause des ravages dans les champs au Canada. Des travaux sont présentement menés au sein d’Agriculture et Agroalimentaire Canada pour repérer des gènes dans les pommes de terre qui lui résistent. Les aliments risquent aussi d’être plus vulnérables aux maladies. « S’il existe une pomme de terre résistante à une maladie, on peut se demander : qu’est-ce que cette patate possède que les autres n’ont pas ? C’est alors que nous pouvons comparer différents génomes », explique Mme Strömvik.

Azote

L’azote est un élément nécessaire à la croissance des plantes. Mais la surfertilisation engendre l’eutrophisation des rivières agricoles et génère des émissions de GES. Des recherches précédentes, menées par l’équipe de la professeure Strömvik, ont permis d’identifier certains gènes qui réagissent à différents niveaux d’azote. « Nous essayons de trouver des variétés qui ont besoin de moins d’azote ou, du moins, de déterminer à quel moment elles en ont réellement besoin », explique-t-elle. La même logique pourrait s’appliquer à l’usage des pesticides. Une pomme de terre résistante à un insecte n’aurait pas besoin de produits chimiques pour l’éradiquer.

Lisez l’article publié dans PNAS (en anglais)