La capsule habitable de la mission Artemis 1 a réussi dimanche midi son amerrissage près des côtes de la Baja California mexicaine. C’était le dernier test important avant la première mission lunaire humaine depuis 1972.

« Le gros test d’Artemis est le retour sur Terre », expliquait cette semaine en entrevue l’astronaute David Saint-Jacques. « Il faut absolument vérifier que le bouclier thermique qui absorbe la chaleur de la rentrée dans l’atmosphère terrestre fonctionnera comme prévu. On n’a aucune manière de vérifier cela sur Terre. »

PHOTO MARIO TAMA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Arrivée d’Orion dans le Pacifique, dimanche

Quand une capsule revient de la Station spatiale internationale, elle rencontre l’atmosphère terrestre à 8 km/s. Mais Orion, la capsule d’Artemis, arrive à 12 km/s. Il faut donc la ralentir par un premier contact avec l’atmosphère, un peu comme un caillou qu’on fait rebondir une fois sur l’eau. La même tactique a été utilisée pour Apollo et pour des missions robotiques lunaires, mais avec un rebond moins élevé, avec une sortie seulement partielle de l’atmosphère terrestre. Le rebond complet d’Orion permet en outre d’amerrir plus près des côtes californiennes.

Si tout va bien, Artemis 2 devrait avoir lieu fin 2024 – la NASA a besoin de deux ans pour préparer cette mission, qui comprendra une mise en orbite autour de la Lune. Artemis 2 accueillera un astronaute canadien, qui sera vraisemblablement choisi d’ici l’été prochain, selon Isabelle Tremblay, directrice des astronautes à l’Agence spatiale canadienne. Outre M. Saint-Jacques, les autres astronautes qui pourraient être choisis pour Artemis 2 sont Jeremy Hansen, Jenni Sidey-Gibbons et Joshua Kutryk. Artemis 3 devrait avoir lieu en 2025 et prévoit un alunissage.

PHOTO FOURNIE PAR LA NASA

Cette photo prise à partir d’Orion montre la capsule alors qu’elle se dirigeait vers la Terre, dimanche.

Carburant et radiations

Autre bonne nouvelle, Artemis 1 a utilisé légèrement moins de carburant que prévu, selon Mme Tremblay. Un peu plus de 3,6 tonnes de carburant avaient été apportées vers la Lune, avec une marge de sécurité de 1 tonne. La mission a brûlé environ 80 kg de moins que les prévisions.

M. Saint-Jacques, qui se trouve à Houston pour travailler sur les sorties des astronautes de la Station spatiale et les opérations du bras robotique canadien, a eu plusieurs discussions informelles avec les contrôleurs d’Artemis 1. « Il y a eu plusieurs petits ajustements, notamment dans les systèmes de communication et de navigation. Chaque morceau a été testé, mais jamais tous ensemble dans l’environnement opérationnel. »

Artemis 1 était « piloté » par des mannequins qui sont bardés de capteurs de radiations.

PHOTO ANDRE PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

David Saint-Jacques

C’est la grosse inconnue. Sur Terre, le champ magnétique nous protège des radiations spatiales. La Station spatiale internationale est en orbite assez basse pour être pas mal protégée aussi. Avec les données d’Artemis 1, on pourra faire des ajustements aux équipements de protection des astronautes et de l’équipement.

David Saint-Jacques, astronaute

Comment les astronautes d’Apollo ont-ils été protégés des radiations ? « À l’époque, le problème n’était pas très connu, alors on avait pris un peu de chance, dit M. Saint-Jacques. Ça a bien été, mais depuis, on a fait beaucoup de progrès technologique, alors il faut s’assurer que tout ira bien. »

Le système qui alimentera en oxygène la cabine des astronautes et enlèvera le CO2 qu’ils exhalent n’a pas été testé sur Artemis 1, mais cela n’inquiète pas M. Saint-Jacques outre mesure. « On a beaucoup d’expérience dans ce domaine. Et on a utilisé le système pour faire circuler de l’azote. Si ça marche avec l’azote, ça va marcher avec l’oxygène. »

David Saint-Jacques est emballé par les images d’Artemis 1. Les caméras sont bien meilleures que celles d’Apollo. C’est vraiment trippant. Je pense que les jeunes vont embarquer. Ça va être la génération Artemis. »

Voyez une vidéo de la Lune devant la Terre filmée par Artemis 1 (en anglais)

Deux missions canadiennes

PHOTO TIRÉE DU SITE D’ISPACE

Image d’artiste de l’atterrisseur Hakuto

Alors qu’Artemis 1 revenait sur Terre, deux technologies ontariennes ont pris le chemin de la Lune à bord de la mission privée Hakuto, de la société japonaise Ispace. Hakuto, qui comprend un atterrisseur et un rover, utilisera le système d’imagerie de Canadensys et l’ordinateur d’analyse géologique de Mission Control. Une firme de Sherbrooke, NGC Aérospatiale, analysera l’imagerie de ces deux technologies ontariennes pour affiner son système de positionnement et de guidage, qui pourrait être utilisé pour un équivalent lunaire du système de GPS terrestre.

En savoir plus
  • 260 milliards US
    Coût du programme Apollo en dollars de 2020
    SOURCE : NASA
    93 milliards US
    Coût estimé du programme Artemis jusqu’en 2025
    SOURCE : NASA
  • 2800 degrés Celsius
    température maximale d’Orion lors de sa rentrée dans l’atmosphère
    SOURCE : NASA
    5500 degrés Celsius
    température de surface du Soleil
    SOURCE : NASA