L’astronaute québécois David Saint-Jacques saura d’ici un an si c’est lui qui se rendra en orbite autour de la Lune avec la mission Artemis II. Les reports du lancement d’Artemis I, prévu maintenant pour le 14 novembre, ne l’inquiètent pas.

« C’est vraiment un vol d’essai qu’on doit faire publiquement », dit le médecin et astrophysicien de 52 ans, en entrevue vendredi alors qu’il revenait de Houston, où il a passé des tests médicaux. « Qu’on trouve encore des problèmes à régler avant de faire le lancement, c’est une bonne nouvelle, c’est parce qu’on regarde vraiment tous les systèmes. »

Artemis I devait partir le 27 août, mais une fuite d’hydrogène puis un autre problème ont reporté le lancement au 3 septembre. Une nouvelle fuite d’hydrogène a encore repoussé le lancement à la fin septembre, alors que l’ouragan Ian a forcé la NASA à remiser la fusée.

PHOTO JOEL KOWSKY, AGENCE FRANCE-PRESSE

La fusée Artemis I au Kennedy Space Center en Floride, vendredi

La première mission d’Artemis I est inhabitée et devrait durer une quarantaine de jours, pour tester tous les systèmes en orbite lunaire. Artemis II restera quant à elle en orbite autour de la Lune, avec à bord quatre astronautes, dont deux Américains et un Canadien, dont on ignore l’identité.

Quand l’astronaute canadien sera-t-il choisi ? « Pour le moment, on s’occupe d’Artemis I, dit M. Saint-Jacques. Après la mission, on va analyser toutes les données pour voir ce qu’il faudra modifier pour Artemis II. »

Artemis II en préparation

La préparation d’Artemis II, qui doit durer deux ans, est néanmoins déjà entamée, nuance M. Saint-Jacques. Artemis II était prévue pour 2024, mais les reports du lancement d’Artemis I signifient qu’elle aura probablement lieu au plus tôt début 2025. Il estime qu’il faudra environ un an de préparation pour former l’équipage, ce qui implique une sélection des astronautes d’ici fin 2023.

Les fuites d’hydrogène existaient déjà avec le programme des navettes spatiales, dont les fusées ont été réutilisées pour le programme Artemis. Comment se fait-il qu’on n’ait pas réussi en 40 ans à régler ce problème ? « Il y a eu des modifications des fusées pour Artemis, répond M. Saint-Jacques. Il faut faire des ajustements. On a vu que si on injectait l’hydrogène avec moins de pression, par exemple, il y avait moins de fuites. Il y a aussi des ajustements à faire avec la température. »

L’hydrogène liquide est injecté à une température de -250 °C, près du zéro absolu, dans une valve de 20 cm de diamètre, l’équivalent de l’orifice où on met l’essence dans une voiture.

Des sources d’inspiration

Quels sont les premiers souvenirs lunaires de David Saint-Jacques ? « J’étais dans le ventre de ma mère quand Apollo 11 a eu lieu. Mes parents m’en ont parlé. Je me souviens qu’en lisant On a marché sur la Lune de Tintin, je ne comprenais pas ce qui se passait. C’est seulement en voyant des photos de la Terre prises de la Lune que j’ai compris, vers 5 ou 6 ans. »

Quels sont ses films ou séries lunaires préférés ? « Celui que j’aime le mieux est For All Mankind, un documentaire des années 1980 avec des images d’archives. J’aime aussi beaucoup First Man, le film sur Neil Armstrong, et la série de HBO From the Earth to the Moon. Ce sont toutes des œuvres où on parle de la psychologie de l’exploration spatiale. J’imagine que c’est parce que je suis assez certain qu’on comprend bien le côté technique. »

En savoir plus
  • 22
    Nombre de jours d’ici la fin 2022 où un lancement vers la Lune est possible
    SOURCE : NASA