Les garçons et les enfants obèses sont plus susceptibles d’être touchés par l’inflammation systémique liée à la COVID-19, selon une nouvelle étude américaine. Ce trouble est aussi plus fréquent chez les enfants que chez les adolescents.

« Nous confirmons une impression que beaucoup de pédiatres avaient », explique Blake Martin, rhumatologue à l’Université du Colorado, qui est l’auteur principal de l’étude publiée le 8 février dans la revue JAMA Network Open. « Nous avons été surpris par l’ampleur du risque pour certaines catégories d’enfants. »

Les garçons étaient 59 % plus susceptibles que les filles d’avoir un syndrome inflammatoire multisystème (SIM-C) après un diagnostic de COVID-19, les enfants obèses 76 % plus que ceux ayant un poids santé, et les Afro-Américains 44 % plus que les Blancs. Ces données sont basées sur 707 enfants hospitalisés avec le SIM-C. Le SIM-C consiste en un état général difficile, avec des problèmes cardiovasculaires, cutanés, gastointestinaux et de la fièvre. Il nécessite une hospitalisation.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La Dre Marie-Paule Morin, rhumatologue au CHU Sainte-Justine

Au CHU Sainte-Justine, la rhumatologue Marie-Paule Morin confirme avoir observé ces facteurs de risque chez les quelque 200 cas de SIM-C vus depuis le début de la pandémie dans l’hôpital du chemin de la Côte-Sainte-Catherine. « On avait vu ça pour l’obésité et les Noirs, moins pour les garçons, mais je ne suis pas surprise que ça les touche plus que les filles », dit la Dre Morin.

Pour ce qui est de la COVID-19 grave sans SIM-C, les mêmes groupes sont plus à risque, mais dans une moindre mesure. Les garçons étaient 37 % plus susceptibles que les filles d’avoir une COVID-19 grave exigeant par exemple une ventilation mécanique, les Afro-Américains 25 % plus que les Blancs et les obèses 19 % plus que ceux ayant un poids santé.

On voit aussi que le SIM-C touche plus les enfants. Chez les adolescents, quand la COVID-19 est grave, c’est généralement sans SIM-C. Ça va probablement nous aider à trouver ce qui se passe avec le SIM-C. Ça peut être lié aux hormones, par exemple.

Le DBlake Martin, rhumatologue à l’Université du Colorado

Dans l’échantillon de l’étude, la moitié des patients ayant un diagnostic positif de COVID-19 avaient moins de 12 ans, mais 81 % des cas de SIM-C se trouvaient dans cette tranche d’âge.

Évaluation du risque

L’étude, qui portait plus globalement sur 167 000 enfants ayant eu un diagnostic positif et 10 000 hospitalisations dues à la COVID-19, inclut des données sur les caractéristiques métaboliques des patients, par exemple leur rythme cardiaque et leur taux d’oxygénation. « On voit des différences légères, mais statistiquement significatives chez les enfants qui vont avoir un SIM-C ou une COVID-19 grave, dit le DMartin. Alors, on est en train de faire un outil de sélection des patients qui vont être suivis de plus près, qui vont être hospitalisés plus rapidement. Ça devrait être prêt en 2022. »

La Dre Morin, de Sainte-Justine, estime que les caractéristiques métaboliques particulières des cas plus susceptibles d’avoir un SIM-C ou une COVID-19 grave sont « très intéressantes ». « On voit aussi ce portrait clinique à Sainte-Justine. »

Y a-t-il plus de SIM-C avec le variant Omicron ? « On ne voit pas plus ni moins de cas de SIM-C, dit la Dre Morin. Comme il y a probablement beaucoup plus d’infections, ça veut peut-être dire qu’il y a moins de SIM-C avec l’Omicron, mais il est encore trop tôt pour le dire. »

Une version précédente de ce texte n'expliquait pas en détail les symptômes du SIM-C.

En savoir plus
  • 6,1 %
    Proportion des enfants ayant un test positif de COVID-19 devant être hospitalisés
    SOURCE : étude publiée dans la revue JAMA Network OpeN
    0,9 %
    Proportion des enfants ayant un test positif de COVID-19 devant être hospitalisés aux soins intensifs
    SOURCE : étude publiée dans la revue JAMA Network OpeN