Le risque de cardiopathie augmente pendant l’année suivant un diagnostic de COVID-19, qu’il y ait eu hospitalisation ou non, selon une vaste étude américaine. Le risque d’infarctus est, par exemple, 72 % plus élevé.

« C’est assez frappant, parce que ça touche tous les groupes », explique Ziyad Al-Aly, épidémiologiste à l’Université Washington à St. Louis, qui est l’auteur principal de l’étude publiée dans la revue Nature Medicine cette semaine. « Les hommes comme les femmes, tous les groupes ethniques, les vieux comme les jeunes. Sur le plan cardiaque, la COVID-19 est une maladie très équitable, qui ne frappe pas beaucoup plus un groupe qu’un autre. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L'UNIVERSITÉ WASHINGTON

Ziyad Al-Aly, épidémiologiste à l’Université Washington

À l’Institut de cardiologie de Montréal, le Dr Philippe L’Allier, chef du service de prévention, confirme avoir vu des cas de cardiopathies subséquentes à une hospitalisation à cause de la COVID-19. « Ce n’est pas la majorité des patients ni la majorité des patients COVID-19, mais on a eu des gens qui sont venus avec de l’insuffisance cardiaque et qui avaient été hospitalisés dans les mois auparavant pour la COVID-19. On ne peut pas dire qu’il y a un lien de cause à effet pour un individu en particulier, cela dit. »

« Il faut éviter l’alarmisme »

Le DL’Allier pense qu’il ne faut pas s’alarmer de cette étude qu’il juge rigoureuse, notamment parce qu’elle regroupait 150 000 patients atteints de COVID-19 du système hospitalier des anciens combattants de l’armée américaine et plus de cinq millions de patients-témoins. Mais il pense qu’une hospitalisation pour la COVID-19, particulièrement aux soins intensifs, pourra faire partie des facteurs de risque à considérer pour évaluer un patient en cardiologie, à tout le moins durant les prochaines années.

PHOTO FOURNIE PAR L’INSTITUT DE CARDIOLOGIE DE MONTRÉAL

Le Dr Philippe L’Allier, chef du service de prévention de l’Institut de cardiologie de Montréal

On sait que l’inflammation augmente le risque de cardiopathie, donc ce n’est pas étonnant. Et on pense que le risque diminue dans les années après l’évènement inflammatoire. Mais il faudra voir ce qu’il en est avec un suivi à plus long terme.

Le Dr Philippe L’Allier, chef du service de prévention de l’Institut de cardiologie de Montréal

Un patient hospitalisé aux soins intensifs pour la COVID-19 pourrait-il voir une nouvelle hypercholestérolémie ou une hypertension traitée de manière plus efficace avec des médicaments ? « C’est possible, mais c’est vraiment trop tôt pour le dire, affirme le DL’Allier. Ces résultats ont le mérite d’informer les patients pour qu’ils ne négligent pas des symptômes cardiovasculaires, mais il faut éviter l’alarmisme. » Il donne l’exemple d’un patient ayant un risque de 0,2 % d’avoir une cardiopathie durant une année donnée. Si son risque est trois fois plus élevé, il aura 0,6 % de risque, ce qui reste peu élevé.

Risque plus faible chez les non-hospitalisés

Pour ce qui est des patients ayant eu un diagnostic de COVID-19 sans être hospitalisés, l’augmentation du risque cardiovasculaire dans l’année suivante est faible, note le DL’Allier. « On le voit sur le plan populationnel, mais ce n’est pas une augmentation assez importante pour que ça pose problème pour le système hospitalier. » Pour la même cardiopathie avec un risque annuel de 0,2 %, l’augmentation de 15 % du risque cardiaque observé chez les non-hospitalisés place le nouveau risque à 0,23 %.

Le DAl-Aly continuera à suivre cette cohorte de 150 000 patients sur le plan vasculaire. « On va pouvoir observer ce qui se passe avec la vaccination, si elle diminue le risque cardiovasculaire. On avait très peu de patients vaccinés au début du suivi d’un an. Il faudra aussi voir ce qui se passe avec le variant Omicron, qui semble donner des symptômes moins graves. »

Le DL’Allier n’a pas l’impression de voir moins de patients avec Omicron, mais il souligne que le nombre de patients infectés est beaucoup plus élevé que lors des autres vagues.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le risque de cardiopathie augmente pendant l’année suivant un diagnostic de COVID-19, qu’il y ait eu hospitalisation ou non, selon une étude américaine publiée dans la revue Nature Medicine cette semaine.

En savoir plus
  • 15 %
    Augmentation du risque de cardiopathie dans l’année suivant un diagnostic de COVID-19, chez les patients non hospitalisés
    SOURCE : Nature Medicine
    200 %
    Augmentation du risque de cardiopathie dans l’année suivant un diagnostic de COVID-19, chez les patients hospitalisés
    SOURCE : Nature Medicine
  • 400 %
    Augmentation du risque de cardiopathie dans l’année suivant un diagnostic de COVID-19, chez les patients hospitalisés aux soins intensifs
    SOURCE : Nature Medicine