Au début de la pandémie, Ayman ElAli a été surpris de constater que la COVID-19 créait souvent des problèmes neurologiques. Le biologiste de l’Université Laval, qui est spécialiste des accidents vasculo-cérébraux (AVC), vient d’élucider l’un des mécanismes de ces atteintes cognitives dues au SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19.

« La protéine S du SARS-CoV-2 induit un changement radical dans les cellules fonctionnelles des vaisseaux sanguins du cerveau, qui protègent ces vaisseaux », explique M. ElAli, qui est l’auteur principal d’une étude publiée cette semaine dans la revue Neurobiology of Disease. « Il y a une inflammation de ces cellules et elles deviennent dysfonctionnelles. »

La protéine S est le fameux « spicule » (spike) qui permet au coronavirus d’infecter les cellules humaines. Elle a des affinités avec les cellules du poumon, mais aussi de la cavité nasale, qui communique avec le cerveau. C’est cette protéine S qui est visée par les vaccins actuels.

Les cellules fonctionnelles affectées par la protéine S, appelées « péricytes », entourent les vaisseaux sanguins. Elles régulent le débit dans ces vaisseaux et modulent la réponse inflammatoire. Elles sont aussi susceptibles d’être attaquées par la protéine S.

La découverte permet d’envisager des traitements localisés qui empêcheraient le SARS-CoV-2 de se lier aux cellules de la cavité nasale, pour protéger le cerveau.

« On a des inhibiteurs des cellules humaines visées par le coronavirus, qu’on pourrait utiliser de manière localisée », dit M. ElAli.

Modèle animal

Les problèmes neurologiques vasculaires sur lesquels se penchent le biologiste et son équipe de Québec ne sont qu’une des causes des effets cognitifs de la COVID-19.

Et l’effet de la protéine S sur les vaisseaux sanguins du cerveau n’explique probablement pas tous les effets neurologiques vasculaires de la COVID-19, prévient-il. Ces troubles neurologiques vasculaires incluent les problèmes de mémoire, la confusion et, dans des cas plus rares, des AVC.

Quelle est la prochaine étape ? « Nous avons travaillé sur des cellules humaines en éprouvette, dit M. ElAli. Il faut maintenant avoir un modèle animal pour reproduire nos résultats. Et seulement après, on pourra penser à essayer des traitements. »

Les atteintes cognitives en chiffres

De 43 % à 67 % des patients hospitalisés pour la COVID-19 ont des atteintes cognitives temporaires.

Source : Frontiers in Psychiatry