Conclure un nouvel accord international pour limiter le réchauffement du climat est une affaire complexe, qui nécessite une réponse planétaire. Le problème à régler, lui, est beaucoup plus simple. Une affaire de chiffres et de mathématiques, en quelque sorte. Un peu à l’image de cette célèbre réplique qui avait marqué la campagne présidentielle entre Bill Clinton et George H. W. Bush en 1992 : « C’est l’économie, imbécile ! »

L’effet de serre

C’est un phénomène naturel qui permet de retenir en partie la chaleur émise par le soleil à la surface de la Terre. Il est obtenu grâce aux fameux gaz à effet de serre (GES) dont on parle tant. Sans cet effet de serre, la température moyenne sur la planète serait de -18 °C.

Les gaz à effet de serre (GES)

PHOTO ARCHIVES LA TRIBUNE

Les gaz à effet de serre existent aussi à l’état naturel.

Les deux plus connus sont le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). Il y a aussi les vapeurs d’eau (H2O), l’ozone (O3) et le protoxyde d’azote (N2O). Ces GES existent à l’état naturel et ne sont donc pas une invention humaine.

L’impact des activités humaines

Pendant très longtemps, les émissions de GES sont demeurées relativement stables. Elles ont commencé à augmenter de façon importante à partir de la révolution industrielle, en 1750, en raison des activités humaines et de l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz naturel, qui relâchent du CO2. Ce gaz demeure jusqu’à 100 ans dans l’atmosphère.

277 parties par million

C’était la concentration de CO2 dans l’atmosphère terrestre en 1750. L’unité de mesure « parties par million » (ppm) indique le nombre de molécules de CO2 pour chaque million de molécules d’air.

414,26 ppm

C’est la plus récente mesure de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, en date du 30 octobre 2021. Il faut remonter à il y a environ 3 millions d’années pour retrouver des concentrations aussi élevées.

400 ppm

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la concentration de CO2 dans l’atmosphère ne doit pas dépasser 400 ppm si l’on veut limiter le réchauffement planétaire à moins de 2,4 °C.

Le budget carbone

L’équation est relativement simple. Pour limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 °C au-dessus du niveau préindustriel et si possible ne pas dépasser 1,5 °C, il faut réduire les émissions de GES causées par les activités humaines. Pour y arriver, il faut respecter un budget carbone, comme on respecterait un budget de dépenses, si on veut éviter éventuellement une faillite. Le Global Carbon Project a calculé ce qu’il nous reste à dépenser pour respecter les cibles fixées par l’Accord de Paris.

Cible de 1,5 °C

Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, le monde dispose de 420 milliards de tonnes de GES à dépenser, avec 50 % de chances d’atteindre cet objectif. Au rythme des émissions mondiales de 2021, ce budget serait épuisé dans 11 années. Pour augmenter à 66 % nos chances de réussite, la limite est de 360 milliards de tonnes. Au rythme actuel, il nous faudra neuf ans avant de tomber dans le rouge.

Cible de 2 °C

Pour limiter le réchauffement à 2 °C, le monde dispose de 1270 milliards de tonnes de GES à dépenser, avec 50 % de chances de réussite. Au rythme actuel, ce budget serait épuisé dans 33 ans. Pour augmenter nos chances de réussite à 66 %, la limite est de 1110 milliards de tonnes, un budget qui serait épuisé en 26 ans au rythme actuel.

2,7 °C

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Montréal sous le smog, en juillet dernier

Selon les dernières prévisions, le monde se dirige vers un réchauffement planétaire de 2,7 °C avec les engagements qui ont été pris jusqu’à présent par les différentes nations. À ce jour, la planète s’est déjà réchauffée de 1,2 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle.

Attention au méthane

Le méthane (CH4) est un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO2, mais sa durée de vie dans l’atmosphère ne dépasse pas 10 ans. Les principales sources de pollution au méthane sont le gaz naturel, l’agriculture, le réchauffement des océans et la fonte du pergélisol. Pour limiter le réchauffement à moins de 2 °C, il faudra nécessairement réduire les émissions de méthane.

Sources : GIEC, Carbon Brief, Global Carbon Project, Banque mondiale, NOAA