(Paris) Le squelette de « Big John », le plus grand tricératops connu, géant de 8 mètres de long et vieux de 66 millions d’années, est mis aux enchères jeudi à Paris.

La vente se déroule à partir de 15 h, dans l’hôtel particulier Drouot.

Estimé entre 1,2 et 1,5 million d’euros, le tricératops est proposé aux enchères lors d’une vente qui réunit chaque année des spécimens naturels impressionnants. Les enchères commenceront à 1 million et se dérouleront sous le marteau de Maître Giquello et l’expertise de Iacopo Briano, un expert en paléontologie.

Unique par sa taille, le squelette de « Big John » est complet à plus de 60 % (75 % pour le crâne). Il a été mis à jour en 2014 par le géologue Walter W. Stein Bill aux États-Unis, dans le Dakota du sud, puis a été restauré par un laboratoire spécialisé à Trieste (en Italie) dans « le respect des règles de paléontologie », précise à l’AFP le commissaire-priseur, Maître Giquello.

« Big John » a vécu à l’époque du Crétacé supérieur, dernière période de l’ère des dinosaures. Il a évolué dans Laramidia, une île-continent disparue qui s’étendait de l’actuelle Alaska jusqu’au Mexique. Le tricératops est mort dans une plaine inondable, ce qui explique sa bonne conservation, le squelette ayant été enseveli dans la vase, un sédiment sans activité biologique.

PHOTO SARAH MEYSSONNIER, REUTERS

La vente de ce squelette représente l’énième épisode d’une ferveur autour de ce type de fossiles.

Des collaborations avec les universités italiennes de Bologne et Chieti ont été menées lors de la restauration pour permettre aux chercheurs de se pencher sur le fossile. Leurs analyses ont notamment permis d’attester de la taille exceptionnelle du crâne de l’animal, 5 à 10 % plus importante que celles des 40 crânes de tricératops déjà décrits par la communauté scientifique.

Sommes record

Les chercheurs ont également pu étudier une trace de lacération proche du crâne, qui témoigne probablement d’un coup de corne reçu par « Big John » lors d’un combat avec un congénère. Les tricératops possèdent deux longues cornes frontales, qui les rendent redoutables.

La vente de ce squelette représente l’énième épisode d’une ferveur autour de ce type de fossiles. Les squelettes de dinosaures mis en vente ces dernières années ont atteint des sommes record, au grand dam des centres de recherches et des musées publics, souvent incapables de surenchérir.

Toutefois, maître Giquello se veut confiant sur la possibilité de voir ce squelette exceptionnel exposé au grand public : « pratiquement la moitié » des personnes intéressées par la vente de « Big John » ont manifesté auprès de lui leur volonté de le voir exposé dans un musée, « et on ne sait pas ce que veulent faire les autres », souligne-t-il.

L’hôtel particulier Drouot a déjà été le théâtre de plusieurs de ces enchères : deux allosaures fossilisés ont été vendus pour 1,4 et 3 millions d’euros entre 2018 et 2020. En 2020 toutefois, plusieurs dinosaures proposés à Paris n’ont pas trouvé preneurs, les prix de réserve exigé par le vendeur n’ayant pas été atteints.