(Montréal) Les difficultés vécues par des femmes plus âgées pour concevoir un enfant font l’objet de travaux au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CR-CHUM). Avec de récentes percées en laboratoire leur ayant notamment permis d’identifier des chromosomes « plus lents » que les autres, des chercheurs s’affairent à améliorer la qualité des ovules des femmes qui tentent de devenir enceintes.

Le problème n’est pas rare : près d’un couple canadien sur six est touché par l’infertilité. Ce nombre a doublé depuis les années 1980, indique le CHUM.

L’une des causes de l’infertilité féminine est liée à une anomalie dans les ovules qui fait en sorte qu’ils ont un nombre anormal de chromosomes. Cette réalité est de plus en plus fréquente au fur et à mesure que la femme vieillit. Si ce fait est bien connu, bien des chercheurs tentent de trouver des solutions.

Au CR-CHUM, des scientifiques ont récemment fait des découvertes dans ce but, publiées dans la revue Developmental Cell.

Greg FitzHarris, chercheur au CR-CHUM spécialisé en recherche sur l’infertilité féminine, et Aleksandar Mihajlovic, postdoctorant dans son laboratoire et premier auteur de l’étude, révèlent que sur des ovules de souris, certains chromosomes sont plus lents à se déplacer lors de la méiose, une phase cruciale de la division cellulaire, qui se produit juste avant la fertilisation des ovules.

Parce qu’ils sont plus lents, ils sont appelés « chromosomes retardataires ».

Comme ils arrivent tardivement à destination, ils contribuent à la formation de cellules présentant un nombre anormal de chromosomes.

Cette anomalie est l’une des causes majeures d’infertilité et explique, en partie, pourquoi les femmes d’un âge plus avancé éprouvent de la difficulté à devenir enceintes et à mener une grossesse à terme. D’avoir découvert ces « chromosomes retardataires » est une découverte « majeure » de leurs travaux, estime le chercheur.

La seconde se trouve dans une expérience menée avec succès en laboratoire, dit-il : l’équipe a tenté de faire la chose suivante, soit d’ajouter une substance chimique pour prolonger la période lors de laquelle se produit la division des cellules. Cela laisse plus de temps aux « retardataires » pour arriver en temps opportun, là où ils sont attendus.

Les ovules risquent ainsi moins d’avoir un nombre anormal de chromosomes, a expliqué en entrevue M. FitzHarris, qui est aussi professeur à l’Université de Montréal (UdeM) aux départements d’obstétrique-gynécologie ainsi que de pathologie et de biologie cellulaire.

« C’est prometteur parce que nous croyons que c’est la première fois que des ovules de femelles plus âgées, qui étaient plus susceptibles d’avoir un nombre anormal de chromosomes, l’ont évité », a-t-il déclaré.

Mais il faut encore que cela soit testé sur des humains, prévient le chercheur.

Car son équipe a bien sûr dû réaliser ses travaux sur des souris et non sur des femmes. Il est difficile, voire impossible, pour les chercheurs de pouvoir obtenir des ovules de femmes alors qu’elles tentent avec difficulté de concevoir un enfant : elles en ont réellement besoin. Il n’y a pas beaucoup de circonstances où cela serait approprié de prendre leurs ovules pour des expériences scientifiques, dit-il. En clinique de fertilité, tous les ovules sont utilisés.

Ces travaux, encore à l’étape de la recherche fondamentale, jettent toutefois des bases solides pour de futures expérimentations et aussi pour trouver de solutions à l’infertilité.

Les chercheurs estiment que leurs découvertes pourraient éventuellement être utilisées en clinique pour augmenter la performance des ovules utilisés lors d’une fécondation in vitro, pour choisir les ovules ayant le plus de chances de succès et aussi pour éviter que les ovules aient un nombre anormal de chromosomes.

Le financement de l’étude a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de recherche du Québec-Santé et la Fondation Jean-Louis Lévesque.