Les montagnes sont frappées par des incendies à une altitude de plus en plus élevée, selon une nouvelle étude montréalaise. Le réchauffement de la planète diminue la couverture de neige, ce qui rend les sols plus secs et plus vulnérables.

Barrière d’inflammabilité

Les chercheurs de l’Université McGill ont étudié la « barrière d’inflammabilité en haute altitude », là où l’humidité est trop élevée pour que des incendies de forêt importants surviennent.

« Dans l’Ouest américain, cette barrière était, en 2017, 252 m plus élevée qu’en 1984 », explique Mohammadreza Alizadeh, chercheur au doctorat en génie des bioressources à McGill, qui est l’auteur principal de l’étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences à la mi-juillet. « Ça veut dire que 11 % des montagnes de l’Ouest américain sont vulnérables aux incendies de forêt. »

Les chercheurs montréalais, qui ont collaboré avec des ingénieurs forestiers de la Californie et de l’Idaho, n’ont pas étudié les Rocheuses canadiennes, mais M. Alizadeh estime que le même phénomène y est survenu.

Et au Québec ? « Le régime des incendies est différent que dans l’Ouest, à cause des précipitations dans l’est du Canada. La végétation n’est pas aussi sèche. Mais s’il y a des périodes de sécheresse, la végétation des régions plus humides est plus vulnérable aux incendies, notamment parce que les forêts n’y sont pas adaptées. »

L’absence de chaînes de montagnes aussi élevées que les Rocheuses – les monts Torngat, dans le Nunavik, ne dépassent pas 1700 m – est aussi une différence importante.

Sécheresse et inondations

Quelles sont les conséquences de cette hausse des incendies de forêt en haute altitude ?

« Tout d’abord, s’il y a moins de neige, il y a moins d’eau dans ce réservoir naturel, et donc, il y a plus de risques de sécheresse dans les communautés en aval, dit M. Alizadeh. La forêt en altitude aide aussi au maintien de la couverture neigeuse par temps chaud, donc son absence augmente la perte de capacité de ce réservoir d’eau. Les arbres jouent aussi un rôle de rétention dans la fonte des glaces et lors des précipitations, alors il y a aussi un plus grand risque d’inondations en aval. »

La perte de forêts d’altitude augmente aussi le risque d’avalanche l’hiver, selon l’étudiant d’origine iranienne. Est-ce que les forêts d’altitude se régénèrent moins rapidement ?

« Oui, mais avec les changements climatiques, elles ont du temps plus chaud, ce qui compense un peu », dit M Alizadeh. Par contre, les forêts qui brûlent puis repoussent ont souvent moins de biodiversité.

Les incendies de forêt en chiffres

81 500 km: superficie additionnelle de montagnes susceptibles de connaître des incendies de forêt depuis 1984, dans l’Ouest américain

433 hectares : superficie annuelle des incendies de forêt au-delà de 3000 m d’altitude dans la sierra Nevada entre 1984 et 2000

4130 hectares : superficie annuelle des incendies de forêt au-delà de 3000 m d’altitude dans la sierra Nevada entre 2000 et 2017

Source : Proceedings of the National Academy of Sciences