(Montréal) Il pourrait être possible de fragiliser des bactéries problématiques, comme les Escherichia coli, et possiblement de les rendre plus vulnérables aux antibiotiques, démontrent des travaux menés à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Les E. coli sont notamment responsables de la plupart des infections urinaires qui affligent des millions de personnes chaque année à travers le monde. Elles peuvent être difficiles à éliminer en raison de leur résistance aux antibiotiques.

Dans une étude publiée par le journal médical PLOS Pathogens, le professeur Charles Dozois et le doctorant Hicham Bessaiah montrent qu’une petite séquence d’ARN régulateur serait responsable de gérer leur réponse aux stress environnementaux.

Cette séquence serait présente chez plusieurs bactéries problématiques, et non seulement chez les Escherichia coli.

« Une approche pour contrecarrer les bactéries résistantes aux antibiotiques serait de trouver les voies régulatoires qui affectent leur virulence, et ce petit ARN que nous avons découvert a un effet non seulement sur la production de certains facteurs de colonisation, mais ça peut aussi réduire la capacité de la bactérie à résister à certains stress », a expliqué le professeur Dozois en primeur à La Presse Canadienne.

La souche de bactéries qui avait été modifiée pour éliminer ce régulateur était moins résistante aux stress que les autres, a-t-il précisé.

La bactérie se trouve habituellement dans la flore intestinale. Mais lorsqu’elle se déplace vers la vessie, les conditions sont complètement différentes et elle doit donc résister à ce stress pour s’adapter afin d’infecter la vessie.

Sans la séquence d’ARN régulateur, la bactérie est plus sensible à ces changements d’environnement et cesse d’être infectieuse, explique-t-on par voie de communiqué.

Si la bactérie résiste moins bien aux stress, elle pourrait devenir plus vulnérable au système immunitaire de l’hôte et aux antibiotiques.

« Ce serait une voie à poursuivre pour voir si une combinaison de diminution de la présence de ce facteur régulatoire et possiblement des antibiotiques qui seraient moins efficaces chez une bactérie résistante, il y aurait peut-être une augmentation de la sensibilité de ces bactéries si jamais on pouvait également affecter les voies régulatoires qui contrôlent la résistance à plusieurs stress », a dit le professeur Dozois.

Les chercheurs en sont encore au stade initial de comprendre ce mécanisme en laboratoire et il reste à voir comment leur découverte pourrait être transformée en thérapie chez l’humain.

Chose certaine, le problème de l’antibiorésistance est de plus en plus criant et le fait que des gènes similaires à cette séquence d’ARN régulateur se retrouvent chez d’autres bactéries problématiques rend cette percée d’autant plus intrigante.

« Une femme qui a des infections urinaires chroniques, ça peut être problématique parce qu’elle prend constamment des antibiotiques pour contrôler l’infection, et ça, ça peut augmenter le risque d’avoir des bactéries multirésistantes », a souligné le professeur Dozois.