Des immunologues américains ont pour la première fois atteint un degré de protection similaire à ceux des vaccins de la petite enfance pour la malaria. Ces résultats surviennent quelques mois après un autre résultat encourageant d’un possible vaccin antipaludique.

« Nous avons un taux de protection très élevé, 100 % dans certains cas », explique Patrick Duffy, des Instituts nationaux de la santé des États-Unis (NIH), qui est l’auteur principal de l’étude publiée mercredi dans la revue Nature. « Et le vaccin marche avec différentes souches du parasite, ce qui n’est le cas d’aucun vaccin ou vaccin candidat. »

Le paludisme, ou malaria, tue 400 000 personnes par an, dont un nombre très élevé d’enfants en bas âge, qui sont moins protégés par l’immunité naturelle conférée par une infection. Elle est causée par un parasite transmis par le moustique. Le seul vaccin approuvé contre le paludisme, le Mosquirix, est peu utilisé parce qu’il exige quatre doses et a une efficacité de moins de 40 % après deux ans, de 5 % après sept ans.

L’approche du DDuffy est surprenante : il a injecté un parasite à différentes doses à une quarantaine de patients, traités immédiatement par deux antipaludiques. « La plupart des vaccins visent un stade larvaire du parasite, transmis par le moustique dans le sang, plutôt que le parasite lui-même dans le foie, dit-il. Nous pensons que c’est la cause de leur efficacité moindre. Et que c’est cela qui explique aussi l’immunité partielle conférée par une infection. »

Les chercheurs des NIH travaillent depuis dix ans sur le concept. L’an dernier, ils ont démontré qu’un troisième antipaludique n’était pas efficace contre le stade final du parasite, présent dans le foie.

Cédric Yansouni, spécialiste des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), souligne que l’étude de phase I publiée dans Nature a un nombre trop peu élevé de cobayes pour qu’on prenne les données sur l’efficacité pour du solide. Il estime que les autres résultats de phase II pour un nouveau vaccin traditionnel contre la malaria, dévoilés en avril, sont plus intéressants. L’étude britannique avait atteint une protection de 77 %, ce qui est supérieur à l’objectif de l’Organisation mondiale pour la santé pour un vaccin antipaludique.

Le DDuffy réplique que l’étude britannique évaluait la protection un mois après le vaccin, alors que son étude a évalué la protection trois mois après le vaccin. « Nous avons bon espoir que notre approche est vraiment solide », dit le chercheur du Maryland.

Le vaccin antipaludique en chiffres

140 : nombre de vaccins contre la malaria testés depuis un siècle

Source : The New Scientist