(Montréal) Contrairement aux informations qui ont circulé au cours des derniers jours, aucune preuve scientifique solide ne démontre que les médicaments contre l’hypertension puissent augmenter le risque d’une infection par le SRAS-CoV-2 ou en intensifier les symptômes, ont expliqué des chercheurs au magazine The Scientist.

Il se pourrait même que ces médicaments réduisent la gravité de la maladie en détournant littéralement l’attention du virus des cellules qu’il cherche à infecter.

Deux études publiées le 24 et le 30 mars dans deux des plus prestigieux journaux médicaux de la planète, le JAMA et le New England Journal of Medicine, en viennent à la conclusion que rien ne permet de croire, pour le moment, que les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARB) et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE) augmentent le risque d’infection ou la gravité des symptômes.

L’enzyme recombinante ACE2 pourrait plutôt être utilisée pour soigner les patients infectés en attirant l’attention du virus ailleurs.

Puisque le virus doit se lier à cette enzyme pour être en mesure d’infecter les cellules, si on inonde l’organisme de cette enzyme recombinante et qu’on décuple les cibles qui s’offrent à lui, il sera moins susceptible de se lier aux enzymes qui se trouvent à la surface de cellules.

L’image d’un avion de chasse qui disperse derrière lui de multiples fusées pour égarer le missile qui le traque vient à l’esprit.

L’entreprise de biotechnologie autrichienne Apeiron Biologics a obtenu, le 2 avril, l’autorisation de la Food and Drug Administration pour tester l’enzyme sur des patients atteints de la COVID-19, ajoute The Scientist.

Cette entreprise a été fondée par Josef Penninger, un chercheur de l’Université de la Colombie-Britannique qui compte parmi les sommités mondiales en ce qui concerne l’ACE2.

Dans une étude publiée le 2 avril par un autre journal médical de premier plan, Cell, M. Penninger rapporte que l’enzyme recombinante a réduit la charge virale de SRAS-CoV-2 par un facteur de 1000 à 5000 dans un modèle expérimental.

L’utilisation des ARBs pour combattre le virus pourrait être encore plus prometteuse, selon The Scientist. Une étude menée en Chine auprès de quelque 500 patients a démontré que ceux âgés de 65 ans et plus qui prenaient ces médicaments étaient moins à risque de subir des dommages pulmonaires importants que les patients du même âge ne les prenant pas.