(Montréal) Une nouvelle façon de dépister le cancer du col de l’utérus se pointe à l’horizon : selon les chercheurs montréalais qui l’ont découverte, elle a même le potentiel de le détecter plus tôt que les autres tests existants.

Pour l’instant, au Canada, la plupart des femmes font un test de Pap pour détecter des cellules anormales sur le col. Des tests de détection du virus du papillome humain (VPH), qui est un facteur de risque du cancer du col de l’utérus, existent aussi.

Grâce entre autres aux tests de dépistage, les taux de mortalité du cancer du col de l’utérus sont en déclin. Mais il y a quand même plus de 400 femmes qui en sont mortes l’an dernier au Canada.

La science continue aussi de progresser : les travaux de chercheurs de la Faculté de médecine l’Université McGill à Montréal ont permis d’identifier deux marqueurs, ou indicateurs du cancer, qui n’avaient jamais été découverts jusqu’à maintenant.

Et si d’autres avant eux avaient aussi identifié des marqueurs pour ce type de cancer, ceux qu’ils ont cernés sont les plus précis jusqu’à maintenant.

Car là est l’intérêt : si les marqueurs sont absents, il faut être sûr que cela signifie que la femme n’a pas le cancer, a expliqué en entrevue la docteure Mariam El-Zein, directrice adjointe de la recherche au Département d’épidémiologie du cancer de l’Université McGill et première auteure de l’étude.

« Chez les femmes qui ont ce cancer, l’on trouve ces marqueurs. Chez les femmes qui ont un col de l’utérus normal, on ne les trouve pas », ajoute-t-elle.

De plus, ces marqueurs permettent de détecter le cancer du col de l’utérus à des stades préliminaires.

Pour réaliser ces travaux de recherche, Dre El-Zein a combiné son expertise — en VPH et en prévention du cancer du col — à celle du Dr Moshe Szyf, un généticien et professeur de pharmacologie et de thérapeutique à l’Université McGill et qui fait de la recherche depuis des années sur la méthylation de l’ADN, qui joue un rôle dans le développement du cancer.

En se servant d’échantillons à diverses étapes du développement du cancer, les chercheurs ont tenté de faire des liens avec certains marqueurs qui s’attachent à l’ADN, et qui modifient son activité, allumant ou éteignant — comme un interrupteur — les gènes qui facilitent ou limitent la croissance d’un cancer. Lorsque ces marqueurs sont des groupes de méthyle, le processus est appelé « méthylation ».

Leur but était de vérifier s’ils pouvaient utiliser ces marqueurs de méthylation pour prédire la progression du cancer du col de l’utérus.

Et ils ont découvert autre chose — encore plus important.

Ils ont découvert un lien incontestable entre le cancer et la méthylation.

Bref, ils ne font pas que prédire le cancer : « cela dit s’il y a du cancer », a souligné Dre El-Zein.

Des brevets ont été obtenus sur cette découverte et Dre El-Zein espère pouvoir développer un test de détection simple et accessible aux femmes.

Leurs résultats ont été publiés dans la revue médicale International Journal of Cancer.