Transition énergétique, maladie d’Alzheimer, voyages interstellaires. La Presse a demandé à des écoles d’envoyer des questions pour les chercheurs du congrès annuel de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS) à Seattle. Voici celles de Samuel Paquette et Olivier Forest, élèves de cinquième secondaire du collège Esther-Blondin, dans Lanaudière, qui ont répondu à l’appel grâce à leur prof de chimie Alain Desautels.

Q. Est-ce que nous pourrions atteindre, un jour, la vitesse de la lumière avec nos fusées dans l’espace ?

R. « Il n’est pas possible pour des particules ayant une masse de voyager à la vitesse de la lumière », explique Andrew Siemion, de l’Université de Californie à Berkeley, qui présentait à Seattle une conférence sur les technosignatures extraterrestres. « Il est par contre possible de s’en approcher si on a des quantités incroyablement élevées d’énergie. Un vaisseau spatial voyageant près de la vitesse de la lumière créerait des explosions en entrant en collision avec la poussière spatiale et en interagissant avec le bruit de fond de micro-ondes cosmiques. On pourrait possiblement détecter ces phénomènes depuis la Terre. »

Q. Comment remplacer le pétrole de notre société, vu son importance dans notre quotidien ?

R. Le Laboratoire national du gouvernement américain en Idaho (INL), qui se spécialise traditionnellement en énergie nucléaire, vient d’ajouter les énergies renouvelables à ses activités et a lancé le projet EcoLogic. « Le but est d’établir un dialogue entre les chercheurs en environnement, les ingénieurs en énergie, les entreprises et les travailleurs des énergies renouvelables et fossiles, les utilisateurs individuels et industriels de cette énergie et les groupes écologistes », explique Katelyn Morales, qui représentait EcoLogic à l’exposition scientifique accompagnant le congrès de l’AAAS. « La transition énergétique est en marche, mais elle fera des gagnants et des perdants. Il faut aider les perdants, les gens qui perdront leurs emplois dans le secteur pétrolier, par exemple, et s’assurer que les pays riches n’imposent pas une limite à la croissance économique des pays pauvres avec des traités environnementaux trop restrictifs. Qu’on le fasse pour sauver la planète, ou simplement parce que les énergies renouvelables coûtent de moins en moins cher, il y aura une transition énergétique. »

Q. Est-ce que la surexposition aux rayons X est problématique pour notre santé ?

R. Cette possibilité est discutée pour les rayons X, mais pas pour les nouveaux examens d’imagerie médicale, ont répondu deux participants à une séance sur le sujet à Seattle, Joel Karp de l’Université de Pennsylvanie et Catherina Ramogida de l’Université Simon Fraser à Vancouver. « On injecte des très petites quantités d’isotopes radioactifs attachés à des molécules allant directement dans les cellules ou les régions du corps qu’on veut étudier, dit Mme Ramogida. On a besoin de doses très faibles de radiation. » Le Dr Karp ajoute qu’une technologie d’examen du corps en entier est encore plus sensible et nécessite encore moins d’isotopes radioactifs, ce qui pourrait encore diminuer le risque pour les enfants.

Q. Pourrait-il exister un moyen pour contrer les effets de la maladie d’Alzheimer ?

R. « Pas à court ou à moyen terme », explique Hari Sharma, de l’Université d’Uppsala en Suède, qui avait à Seattle une présentation écrite (poster) sur le mécanisme expliquant l’aggravation de l’alzheimer par le stress. « Mais de nouveaux traitements qui permettront d’améliorer la qualité et la durée de la vie des patients sont sur le point d’arriver. Comme pour le diabète, on pourra vivre plus longtemps en relativement bonne santé avec une combinaison de médicaments et de changements à l’alimentation et aux autres habitudes de vie. »

Les nouvelles du congrès de l’AAAS en bref

Un indice pour les rivières atmosphériques

Plus de 90 % de l’humidité de l’atmosphère est contenue dans une demi-douzaine de rivières atmosphériques s’étendant sur des centaines de kilomètres au-dessus des océans, selon Marty Ralph, de l’Institut d’océanographie Scripps. Le climatologue californien a expliqué au congrès de l’AAAS qu’une échelle d’intensité pour ces rivières atmosphériques était en préparation. Elle sera similaire à l’échelle allant de 0 à 5 pour les ouragans, mais comportera une variable mesurant la rapidité de ces rivières atmosphériques. Quand elles sont lentes, elles provoquent des inondations plus importantes, comme les ouragans Florence et Harvey récemment. Ces rivières atmosphériques sont responsables de la variabilité interannuelle des pluies en Californie depuis un siècle. Source : UCSD

IMAGE FOURNIE PAR L’UCSD

Une image des rivières atmosphériques en 2004 alors qu’un affluent d’une rivière dans le Pacifique provoquait des pluies torrentielles en Californie.

Le compost de la mort

Il est possible de composter les corps humains, selon une microbiologiste de l’Université de l’État de Washington. Lynne Carpenter-Boggs, qui présentait ses résultats à Seattle, a fait un test avec des organes donnés à la recherche. Les produits toxiques qu’ils contenaient ont été éliminés avec de la chaleur, et le résultat respecte les normes de compost servant d’engrais. Cet État a été le premier, le printemps dernier, à légaliser le compostage des corps humains. Selon Mme Carpenter-Boggs, composter les cadavres permettrait d’éviter d’utiliser 4 millions de litres de fluides d’embaumement et les émissions liées à la crémation, qui représentent 0,07 % des émissions des voitures et camions aux États-Unis.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Il est possible de composter les corps humains, selon une microbiologiste de l’Université de l’État de Washington.

De la suie sur l’Himalaya ?

La Chine est en train d’évaluer la possibilité de répandre de la suie au-dessus de l’Himalaya pour refroidir cette chaîne de montagnes dont les glaciers alimentent en eau l’empire du Milieu, selon le directeur du programme de géoingénierie chinois, John Moore. Le climatologue de l’Université normale de Pékin a expliqué au congrès de l’AAAS que la Chine avait le programme gouvernemental le plus ambitieux de géoingénierie, qui regroupe 15 chercheurs. Le financement est comparable au programme de géoingénierie de l’Université Harvard, qui va bientôt répandre de la glace dans la stratosphère depuis un ballon comme test préalable avant l’utilisation de soufre. La géoingénierie veut imiter les volcans – l’éruption du Pinatubo en 1991 avait réduit de 0,4 degré Celsius la température de la planète dans l’année suivante. Source : USGS

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Vue du Thamserku, montagne de l’Himalaya ans l’est du Népal