(Montréal) La vaccination contre le zona semble réduire le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), ont constaté des chercheurs de l’Université Yale.

Ils ont mesuré une réduction de 16 % dans le cas d’un AVC, de 18 % dans le cas d’un AVC ischémique et de 12 % dans le cas d’un AVC hémorragique.

Leurs conclusions seront présentées la semaine prochaine lors d’un congrès de l’American Stroke Foundation à Los Angeles.

« Il y a plusieurs phénomènes qui se chevauchent, a expliqué le neurologue Christian Stapf, du CHUM. Le zona […] arrive plus souvent chez des sujets d’âge mûr et avancé, et le risque d’AVC augmente aussi avec l’âge. Donc ce sont déjà deux phénomènes dont le risque ou la probabilité augmente avec l’âge. »

Le zona est provoqué par une réactivation du virus de la varicelle qui survient typiquement après l’âge de 50 ans. On estime, aux États-Unis, que 99 % des gens de 40 ans et plus sont porteurs du virus en latence de la varicelle.

À la base, poursuit le docteur Stapf, une infection grave comme le zona augmente aussi le risque de maladies vasculaires comme l’AVC et l’infarctus du myocarde. Le virus du zona peut entre autres entraîner une inflammation des artères de la tête, causant un AVC.

« La paroi des artères développe une inflammation, et les artères se bloquent, a expliqué le docteur Stapf. C’est une explication comment le zona peut donner des AVC. Plusieurs études ces dernières années ont suggéré qu’il y a une interaction entre les deux. Ça veut dire que les patients qui développent un zona ont globalement […] plus de risques d’avoir aussi développé un AVC. Plusieurs études de population ont suggéré un lien. »

Le CHUM traite quelque 800 patients pour un AVC chaque année. Du nombre, a dit le spécialiste, deux ou trois présentent des artères malades dans le contexte d’un zona. Il s’agit donc d’un phénomène rare, mais bien réel.

Les chercheurs ont comparé deux millions de personnes inscrites au programme Medicare : un million qui avaient été vaccinées contre le zona entre 2008 et 2014, et un million qui ne l’avaient pas été. Ils ont ajusté leurs résultats pour tenir compte de l’âge, du sexe, de la race et des problèmes médicaux des participants.

La protection associée au vaccin était particulièrement robuste chez les 66-79 ans.

« Ça veut dire que quand on peut éviter le zona, et c’est ça le but du vaccin, on peut aussi éviter des complications secondaires au zona, et l’AVC fait partie de ces complications, a dit le docteur Stapf. C’est une étude qui confirme à très grande échelle une observation spontanée qu’on a faite déjà dans des études à plus petite échelle. »

Il prévient toutefois en terminant qu’on ne peut pas exclure que le fait d’avoir été vacciné soit un marqueur d’une plus grande attention apportée à la santé, d’une meilleure hygiène de vie et d’une meilleure prise en charge médicale, ce qui réduirait du fait même le risque d’AVC.