(Montréal) Bonne nouvelle à l’approche du temps froid : non seulement les boissons au chocolat, comme le chocolat chaud, pourront-elles vous réchauffer, mais les flavanols qu’elles contiennent pourraient aussi rehausser votre agilité mentale.

Des chercheurs américains et britanniques ont ainsi constaté que des adultes s’acquittaient plus efficacement de tâches cognitives difficiles s’ils avaient préalablement consommé une boisson au chocolat riche en flavanols.

La boisson a semblé améliorer l’oxygénation du cortex frontal des participants à l’étude, une région du cerveau cruciale à la cognition et à la prise de décisions.

« C’est une des premières études qui montre que la consommation de chocolat de façon aigüe, donc une seule prise, peut avoir un effet sur l’oxygénation d’une région du cerveau et sur les fonctions cognitives », a commenté le professeur Charles Ramassamy, de l’Institut national de la recherche scientifique.

Les flavanols sont des antioxydants qu’on retrouve dans des aliments comme le thé, le vin rouge, les arachides, différents fruits (bleuets, pommes, cerises) – et dans les fèves de cacao.

Leurs bienfaits pour le système cardiovasculaire sont relativement bien documentés, mais cette étude serait la première à déceler un effet positif sur la vascularisation cérébrale et la performance cognitive de jeunes adultes en santé, selon les auteurs.

Les chercheurs avaient recruté 18 jeunes hommes en santé, non-fumeurs, âgés de 18 à 40 ans. Ils leur ont donné une boisson au chocolat riche en flavonols en une occasion puis, en une autre occasion, une boisson au chocolat à faible teneur en flavonols.

En comparant les deux, ils ont constaté que l’oxygénation du cerveau – qui consomme de toute manière 20 % de l’oxygène de l’organisme – était plus rapide et jusqu’à trois fois plus importante environ deux heures après la boisson enrichie.

La résolution de problèmes par les participants survenait aussi environ 11 % plus rapidement qu’au départ ou qu’après la consommation de la boisson à faible teneur en flavonols. Aucune amélioration n’a toutefois été mesurée lors de la résolution de tâches cognitives simples.

Prudence

« Il faut toujours être prudent dans l’interprétation de ces résultats-là, a dit M. Ramassamy. Ce qui est positif, c’est qu’on met en évidence le lien entre [l’alimentation] et la fonction cérébrale. Par contre, il ne faut pas se jeter sur les tablettes de chocolat. »

Cent grammes de chocolat contiennent à peine 30 milligrammes de flavonols, ce qui correspond au groupe qui a consommé la faible quantité, a-t-il souligné, avant d’ajouter que l’identification des composés bénéfiques pourrait éventuellement ouvrir la porte au développement de molécules qui s’en rapprochent afin de mettre au point des composés plus spécifiques.

Quatre des 18 sujets n’avaient pas amélioré leur performance après la consommation de la boisson enrichie. Il s’agissait toutefois des participants dont l’oxygénation cérébrale était d’emblée la meilleure, ce qui pourrait vouloir dire que les individus les plus en santé ne peuvent pas vraiment faire mieux.

Une des limitations de cette étude est d’ailleurs qu’on ne sait rien du niveau de forme physique ou de la capacité cardiorespiratoire des participants, a dit M. Ramassamy.

« Le cerveau, comme tous les tissus de l’organisme, atteint un plateau de consommation d’oxygène, a-t-il expliqué. Donc chez une personne en santé, il n’y aura pas d’amélioration. Ce sera bénéfique chez des sujets qui auraient une diminution de l’apport en oxygène au cerveau. Et c’est la même chose pour les fonctions cognitives. Il y a un plateau et on ne pourra pas aller au-delà, quel que soit le traitement qu’on donne ou le composé qu’on va administrer. »

Les gens dont la santé physique est moins qu’optimale devraient donc y réfléchir sérieusement avant de se gaver de chocolat dans l’espoir d’améliorer leur performance cérébrale, puisque le chocolat sera accompagné d’autres substances, comme le gras ou le sucre, qu’ils n’ont peut-être pas besoin d’ajouter à leur alimentation.

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal Scientific Reports.