(Montréal) Même si le CBD semble posséder des propriétés anti-inflammatoires intéressantes, et même si les experts croient de plus en plus que l’inflammation joue un rôle important dans les troubles psychotiques, on ne dispose pas encore des preuves scientifiques nécessaires pour conclure que le premier puisse soulager le second, conclut une analyse effectuée par le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal.

« On voulait voir spécifiquement quel était le potentiel du cannabidiol (CBD), qui est une composante principale du cannabis, en tant qu’antipsychotique, a résumé la co-première auteure de l’étude et doctorante Stephanie Coronado-Montoya. On a fait une revue de toutes les études qui existaient, et on a trouvé qu’il n’y a pas suffisamment de données pour justifier d’utiliser du cannabidiol en tant qu’antipsychotique. »

Médecins et chercheurs s’intéressent de près aux applications thérapeutiques potentielles du cannabis depuis sa légalisation, rappelle-t-elle, mais les preuves scientifiques solides sont parfois difficiles à trouver.

Mme Montoya, qui travaille au laboratoire du docteur Didier Jutras-Aswad, et ses collègues se sont intéressés à ce que la littérature scientifique racontait au sujet des propriétés antipsychotiques du CBD. Ils ont déniché huit études regroupant 210 sujets.

Leurs conclusions sont publiées par le journal médical Psychiatry Research.

« Il n’y a pas suffisamment de données qui concluaient la même chose, a dit Mme Montoya. Il y a beaucoup d’enthousiasme pour le cannabidiol, pour ce qui pourraient être ses bénéfices, et je pense que cette revue [démontre] que du point de vue des données scientifiques, on en n’a pas assez pour justifier l’utilisation du cannabidiol en tant qu’antipsychotique. »

Mme Montoya souhaite maintenant la tenue de nouvelles études de bonne qualité pour faire la lumière sur le sujet, d’autant plus que les médecins sont de plus en plus convaincus que l’inflammation joue un rôle de premier plan dans les troubles psychotiques.

Un expert, le psychiatre Marc-André Roy de l’Université Laval, a récemment expliqué à La Presse canadienne que des données solides sur le lien psychose-inflammation et provenant d’études longitudinales démontrent que le niveau de marqueurs inflammatoires à l’adolescence, avant l’éclosion de la psychose, influence le risque du développement ultérieur d’un trouble psychotique.

De plus, les gens qui se présentent pour un premier incident psychotique, et qui n’ont jamais été traités pour une psychose ont eux aussi des marqueurs inflammatoires élevés, a-t-il ajouté, et certains gènes qui augmentent le risque de maladies à composante inflammatoire sont aussi impliqués dans la psychose.

Le stress a également été mis en cause dans la rechute psychotique et même dans le développement de la première psychose, probablement par le biais de mécanismes inflammatoires.

Dans un même ordre d’idée, la médecine sait depuis longtemps que le fait qu’une mère présente certains types d’infections pendant la grossesse augmente le risque pour ses enfants de développer une psychose ultérieurement.