Le cerveau des femmes qui ont eu un enfant est plus jeune que leur âge chronologique, comparativement au cerveau de femmes qui n’ont jamais accouché, ont constaté des chercheurs norvégiens.

Ils tirent leurs conclusions de l’analyse de plus de 12 000 femmes d’âge moyen inscrites à la gigantesque UK Biobank. Les bienfaits constatés n’ont pu être expliqués par des facteurs comme l’éducation ou le poids, ce qui porte à conclure qu’ils seraient attribuables aux nombreux changements physiologiques qui surviennent pendant la grossesse, surtout au niveau du cerveau.

Ces bienfaits pourraient persister au-delà de l’accouchement et avoir un impact sur le vieillissement neurobiologique, ont indiqué les auteurs dans leur étude.

« Ils ont vraiment démontré que le fait d’avoir des enfants protège le cerveau plus que le contraire », a commenté le docteur Gregory Lodygensky, du CHU Sainte-Justine.

La nouveauté de cette étude, poursuit-il, tient à l’utilisation de machines intelligentes, ce qui est relativement nouveau dans le domaine des neurosciences.

« Quand on demande à la machine de catégoriser, elle est capable, donc ça veut dire qu’il y a effectivement dans le cerveau des choses qui font qu’il est plus jeune ou plus vieux », a dit le docteur Lodygensky.

Mais c’est essentiellement tout ce qu’on sait pour le moment. L’étude ne détaille pas quelles zones du cerveau ont été protégées, ni sur quelles données les machines intelligentes se sont basées pour tirer leurs conclusions.

« C’est très robuste comme étude et c’est publié dans une revue très reconnue, donc on peut faire confiance aux résultats, mais il aurait été intéressant de nous montrer quelles régions sont protégées », a ajouté le médecin.

L’effet protecteur qui semble avoir été découvert reste à préciser, même si les auteurs évoquent plusieurs mécanismes potentiels.

Ils mentionnent ainsi l’exposition aux hormones pendant la grossesse. Des études chez l’animal et chez l’humain ayant trouvé des modifications du cerveau en lien avec la grossesse, les hormones pourraient y être pour quelque chose.

L’autre hypothèse concerne la réponse immune et inflammatoire, et plus précisément l’équilibre pro et anti-inflammatoire dans le cerveau. Cet équilibre est très fragile et très délicat, a dit le docteur Lodygensky, « donc là aussi il pourrait y avoir un impact bénéfique ».

Il ajoute à cette liste tout le réseau de soutien dont profite souvent une femme pendant sa grossesse.

« Si on savait quelle région (du cerveau) a été protégée, ce serait plus facile de formuler des hypothèses, a conclu le docteur Lodygensky. En lisant le titre (de l’étude), je me serais attendu au contraire, que les femmes qui ont eu plusieurs enfants, qui ont eu peu de nuits de sommeil complètes (aient un cerveau plus vieux)… Donc c’est une trouvaille qui est très intéressante. »

Les conclusions de cette étude ont été publiées par Proceedings of the National Academy of Sciences.