(Montréal) La prise de poids démesurée est contrôlée en grande partie par notre cerveau, suggèrent les travaux de chercheurs montréalais.

Un adulte québécois sur cinq est obèse, ce qui veut dire que son indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 30.

En analysant des résultats de tests cognitifs et des images par résonance magnétique de 1200 personnes en surpoids, le chercheur Uku Vainik et son collègue Alain Dagher de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal ont constaté des différences notoires entre le cerveau de ces individus et celui de personnes qui maintiennent un IMC dans la normale (entre 18,5 et 25).

Ainsi, le cortex préfrontal droit est plus mince et l’amygdale gauche plus grosse chez les individus obèses, ce qui favoriserait une plus grande réaction aux stimulus alimentaires.

Les individus en surpoids auraient aussi une moins grande souplesse cognitive et une moins bonne capacité à reporter le plaisir (comme celui de manger) que ceux entretenant un poids santé.

« L’obésité est le résultat d’un comportement, ce comportement étant de surconsommer des calories, et ce qu’on trouve c’est que ça vient du cerveau », a résumé le docteur Dagher.

L’étude regroupait des membres d’une même famille, et notamment des jumeaux, ce qui a permis aux chercheurs de constater que « ces facteurs dans le cerveau sont héritables », a-t-il ajouté.

« Donc ils proviennent probablement de facteurs génétiques ; on hérite de cette vulnérabilité à la surconsommation », a dit le docteur Dagher.

La vulnérabilité vient du fait que l’environnement est « obésogénique », poursuit-il. En d’autres mots, l’environnement nous offre des calories abondantes que certains individus surconsomment.

Il ne faut toutefois pas en conclure que les individus dont le cerveau présente ces particularités sont condamnés à souffrir d’embonpoint ou d’obésité. La génétique, comme c’est souvent le cas, ne raconte pas toute l’histoire.

« Il n’y a rien qui est vraiment prédestiné, on parle seulement d’influence, a précisé le docteur Dagher. On sait que 70 à 80 % de la variabilité de votre poids provient de la génétique. Cependant, chez les gens qui font beaucoup d’activité physique, l’héritabilité tombe à 30 %. Ça veut dire qu’un comportement, l’activité physique, peut éliminer l’effet des gènes, ou grandement le réduire. »