L'activité physique serait plus importante que le statut économique au maintien d'une bonne santé mentale, écrivent des chercheurs des universités Yale et Oxford dans les pages du journal médical The Lancet - une affirmation spectaculaire à laquelle s'empresse toutefois d'apporter un bémol un expert de l'UQAM.

Cette conclusion est tirée de l'analyse de plus de 1,2 million de participants à une vaste enquête des Centres de contrôle et de prévention de la maladie des États-Unis.

Les gens qui bougeaient régulièrement faisaient état d'environ 35 jours de « mauvaise santé mentale » (stress, dépression, problèmes émotionnels, etc.) par année, soit 18 de moins qui les sujets les plus sédentaires.

Tous les sports, qu'ils soient collectifs ou individuels, semblaient contribuer à une bonne santé mentale. Par exemple, la pratique d'un sport d'équipe abaissait de 22,3 % le nombre de mauvaises journées, la pratique du cyclisme de 21,6 % et la fréquentation d'un gymnase de 20,1 %.

Les chercheurs auraient découvert que les gens actifs se sentaient aussi bien que les sédentaires qui gagnaient 25 000 $ US de plus qu'eux par année.

« L'article est intéressant, mais il y a énormément d'exagération des résultats, a dit le docteur Paquito Bernard, qui enseigne au département des sciences de l'activité physique de l'Université du Québec à Montréal. De là à dire qu'il vaut mieux s'impliquer dans l'activité physique que dans la recherche d'un nouveau revenu pour avoir une meilleure santé mentale, c'est vraiment une énormité et une exagération des résultats. »

Il y a selon lui plusieurs facteurs qui pourraient expliquer ces différentes associations entre l'activité physique et la santé mentale, en fonction du revenu, et il affirme qu'il serait personnellement « beaucoup plus prudent pour interpréter ces résultats ».

Le docteur Bernard rappelle ainsi que la question des inégalités sociales de santé touche aussi l'activité physique. On sait par exemple que les gens qui font volontairement du transport actif pour aller travailler en retirent plus de bénéfices que les gens qui font du transport actif parce qu'ils n'ont pas la possibilité de prendre les transports en commun ou une voiture.

Si l'association que tracent les auteurs entre l'activité physique, la santé mentale et l'argent le laisse plutôt indifférent, il trouve beaucoup plus « intéressant de voir que de petites doses d'activité physique, peu importe leur nature, sont associées à une amélioration de la santé mentale ».

« Les gens nous demandent constamment des doses ou des fréquences d'activité physique à réaliser, a-t-il dit. Or le message-clé en termes de santé publique c'est que bouger plus est associé à une meilleure santé mentale, mais il n'y a pas nécessairement besoin d'en faire beaucoup pour avoir une meilleure santé mentale. »

Les auteurs ont abordé plus de 70 activités différentes, y compris des activités physiques à domicile comme le ménage ou faire le jardin, « et ça, c'est vraiment important en termes de santé publique », a-t-il ajouté.

Chaque activité était pratiquée pendant environ 45 minutes, de trois à cinq fois par semaine. Les bienfaits procurés par le sport semblaient toutefois plafonner : la santé mentale de ceux qui s'entraînaient plus de trois heures par jour était plus mauvaise que celle des sujets sédentaires.